LA LISTE DE NOS ENVIES

Au menu de ce week-end prolongé du 8 Mai : un pas de deux père-fille avec Hiroshi et Kaori Ito au Théâtre de la Ville ; l’artiste coréen Ha Chong-Hyun à la galerie Almine Rech ; les 30 ans du festival Les Arts du récit en Isère ; les artistes femmes du Salon de Montrouge ; les histoires de Circuit court en Val-de-Marne.

DANSE. Un pas de deux père-fille au Théâtre de la Ville, à Paris

La danseuse et chorégraphe Kaori Ito, 38 ans, en compagnie de son père Hiroshi, 69 ans, sculpteur, poursuit sa tournée à succès avec son spectacle Je danse parce que je me méfie des mots, créé en 2015. Si Kaori est une danseuse de premier plan qui a émaillé de sa présence vive les créations de Philippe Decouflé ou d’Aurélien Bory, Hiroshi, dont une des œuvres plastiques orne le plateau, est un show-man emballant, plein de swing et d’envie de s’amuser. Alors qu’ils ne se parlaient plus depuis des années, Kaori Ito a proposé à son père de faire ce spectacle bâti autour de questions personnelles qu’elle avait envie de lui poser. Et voilà le résultat : le père et la fille ne se quittent plus depuis deux ans.

Sur scène, entre danse et théâtre, action et contemplation, ils subliment leur relation, d’hier et de demain, jouent le présent du show tout en évoquant l’enfance, le parcours de Kaori, son identité tiraillée. Paradoxalement plus volubile dans les mots que dans les corps en dépit de son titre, ce pas de deux tire des portraits intimes auréolés de ce sentiment de bonheur fragile de rassembler les morceaux d’une vie. Entre retrouvailles et séparation programmée. Rosita Boisseau

Théâtre de la Ville-Espace Cardin, 1, avenue Gabriel, Paris 8e. Vendredi 5 et samedi 6 mai à 20 h 30, puis du 9 au 11 mai. De 10 à 26 €.

ARTS. Les déchirures de Ha Chong-Hyun à la galerie Almine Rech, à Paris

Ha Chong-Hyun à la galerie Almine Rech à Paris. | ALMINE RECH GALLERY

On connaît peu en France l’artiste coréen Ha Chong-hyun. Ce n’est pourtant pas un nouveau venu : il est né en 1935. A partir des années 1970, dans le contexte politique et artistique de son pays, il construit une œuvre marquée par une sobriété de moyens et la suggestion, latente ou explicite, de la destruction. On le voit enfin à Paris, rétrospective en abrégé. Elle commence par l’une de ses œuvres initiales où le fil de fer barbelé est le matériau principal. Elle se développe ensuite du côté de la peinture, terme ici presque impropre.

Ha Chong-Hyun peint moins qu’il ne dépose sur des surfaces aux textures rugueuses des traces d’une brosse chargée de blanc, de noir ou d’un gris de fer. Les couleurs échouent à couvrir le fond, de sorte que s’imposent des sensations de déchirure, d’émiettement ou, à l’inverse, d’enfouissement dans la terre. Ses grandes œuvres noires supporteraient aisément le voisinage de nombre d’artistes célèbres, d’Ad Reinhardt à Pierre Soulages. Il serait grand temps d’inscrire Ha Chong-huyn – et plus largement l’abstraction coréenne du mouvement Dansaekhwa – dans une histoire mondiale de l’art. Philippe Dagen

Galerie Almine Rech, 64, rue de Turenne, Paris 3e. Tél. : 01-45-83-71-90. Du mardi au samedi, de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 3 juin.

FESTIVAL. Pour leurs 30 ans, Les Arts du récit veulent décrocher la lune, en Isère

Pour célébrer en beauté sa trentième édition, le festival Les Arts du récit réunit, du 5 au 20 mai, une soixantaine d’artistes de la parole – venus de France, de Suisse, d’Espagne, de Belgique, d’Italie et du Portugal – pour plus de 130 représentations réparties à Grenoble et dans sa région. L’occasion d’aller écouter quelques grands noms du renouveau du conte en France comme Bernadète Bidaude, Gigi Bigot, Muriel Bloch, Hamed Bouzzine, Jihad Darwiche, Michel Hindenoch, Pépito Matéo, mais aussi des conteurs et conteuses de la génération suivante qui explorent de nouvelles voies de narration, tels que Adama Adepoju (dit « Taxi Conteur »), Rachid Bouali, Michèle Bouhet, Sabrina Chézeau, Florence Desnouveaux, Gauthier Fourcade, Frédéric Naud et Jeanne Videau, Myriam Pellicane, Luigi Rignanese, Francine Vidal et bien d’autres encore, en passant par certains artistes venus d’autres horizons que le conte, comme les comédiens Jacques Bonnaffé, Didier Kowarsky, Gérard Potier et aussi le chanteur-musicien André Minvielle.

Pour ses trente années d’existence, le festival isérois souhaite convier le public à une découverte des arts du récit sous leurs multiples facettes en le faisant voyager à travers des univers très variés, « de la plus petite comptine, enfantine, à la plus grande épopée, en passant par les histoires fleuves comme les Mille et Une Nuits ou les aventures d’Ulysse et des recherches très contemporaines ». Au menu du week-end d’ouverture, du 5 au 7 mai, entre autres : plusieurs spectacles pour les enfants de Florence Desnouveaux en matinées ; une déambulation contée dans les rues de Grenoble sur le thème des légendes urbaines (samedi 6 à 15 heures) ; les spectacles de Muriel Bloch, Gauthier Fourcade et Myriam Pellicane (dès le vendredi 5 au soir) ; une présentation du festival au Musée dauphinois à Grenoble (samedi à 17 h 30) ; un spectacle de Michel Hindenoch autour de la légende du Minotaure au même Musée dauphinois (dimanche 7 à 16 h 30). Cristina Marino

Festival Les Arts du récit, 30e édition, du 5 au 20 mai, en Isère. Tél. : 04-76-51-21-82. Pour explorer trente années de festival, un webdoc est disponible en ligne.

ARTS. Découvrir la scène émergente au Salon de Montrouge

« Tissu de sable », de Linda Sanchez. | E. JARDONNET

C’est le parti pris du Salon de Montrouge : n’exposer que des artistes non encore représentés par une galerie et n’ayant pas déjà exposé leur travail à un large public – les candidats, sélectionnés sur dossier sans âge limite ou formation requise, sont simplement tenus d’avoir un lien fort avec la France. Pour cette 62e édition, la sélection a été particulièrement drastique, avec seulement 53 artistes retenus sur plus de 3 000 candidatures. En majorité des femmes, ce qui est inédit.

A découvrir dans cette exposition collective articulée autour de quatre grands axes de compréhension des démarches et préoccupations des artistes (« Elevage de poussière », « Récits muets », « Fiction des possibles » et « Laboratoires de formes ») : le travail de Marianne Mispelaëre, dont la série en cours des « Silent Slogan » identifie les nouveaux signes de main, pacifiques ou provocateurs, apparus dans les conflits récents à travers le monde ; les « Fictions ethnographiques » de la vidéaste colombienne Laura Huertas Millán, qui explore notamment la notion de liberté dans une famille de tisseurs mexicains ; la large tapisserie de Suzanne Husky, qui revisite l’harmonie pastorale de la Dame à la licorne à l’heure de Notre-Dame-des-Landes, ou encore le délicat et poétique « Tissu de sable » de Linda Sanchez. Emmanuelle Jardonnet

Le Beffroi, 2, place Emile-Cresp à Montrouge. Jusqu’au 24 mai. Ouvert tous les jours de 12 heures à 19 heures, entrée libre.

CONTES. Le festival Circuit court libère la parole, dans le Val-de-Marne

« Café Ulysse », avec Reinier Sagel, Francine Vidal et Fatimzhora Zemel (compagnie Caracol). | JAMES LIGNIER

Pour la deuxième année consécutive, quatre « scènes voisines », comme l’indique l’intitulé même du festival Circuit court, ont décidé de s’associer pour proposer dans le Val-de-Marne, du 5 au 13 mai, une programmation commune de six spectacles originaux, à la croisée de plusieurs disciplines (théâtre, contes, cirque, etc.). Il s’agit de la Grange dîmière – Théâtre de Fresnes, du Théâtre de Rungis, du Théâtre André-Malraux et de la Maison du conte, tous deux situés à Chevilly-Larue.

Les arts de la parole seront au cœur de cette édition avec, pour le week-end d’ouverture, deux récits de vie. Vendredi 5 mai au Théâtre de Rungis, Conte de la neige noire, un spectacle de Jean-Yves Picq (compagnie du Théâtre de l’Ephémère), mis en scène par Jean-Louis Raynaud, interprété par Jean-Pierre Niobé et Kentin Juillard (percussions), ou l’histoire d’une vie de travailleur sur fond d’impossible dialogue entre un père et son fils. Et samedi 6 mai à la Grange dîmière-Théâtre de Fresnes, On a fort mal dormi, un seul-en-scène dans lequel le comédien Jean-Christophe Quenon fait entendre les mots de ceux qui ne parlent guère d’ordinaire, les SDF, dans une adaptation scénique de Guillaume Barbot (compagnie Coup de Poker) d’après les ouvrages de Patrick Declerck sur le thème de l’exclusion.

En clôture, le samedi 13 mai, trois conteurs-comédiens, Reinier Sagel, Francine Vidal et Fatimzhora Zemel (compagnie Caracol), ouvriront grand les portes de leur Café Ulysse, en plein air, sur le parvis du Théâtre André-Malraux à Chevilly-Larue, pour un après-midi entier (de 14 h 30 à 18 h 30) consacré aux aventures du héros d’Homère. Et en soirée, à partir de 20 h 30, à la Grange dîmière-Théâtre de Fresnes, place à la comédienne Elise Noiraud et à son spectacle, Pour que tu m’aimes encore, sur les doutes et les espoirs de l’adolescence. C. Mo.

Circuit court, festival de scènes voisines. A Chevilly-Larue, Fresnes et Rungis, du 5 au 13 mai. Tarif spécial Circuit court : 6,50 € par spectacle.