Dépouillement des bulletins de vote  lors des législatives, dans la capitale algérienne, le jeudi 4 mai. | RAMZI BOUDINA / REUTERS

Les Algériens ont voté, jeudi 4 mai, pour élire leurs 642 députés sur fond de difficultés économiques et d’inertie politique, le principal enjeu demeurant la participation dont l’annonce officielle, prévue jeudi soir, a été reportée. Le taux de participation définitif à ce scrutin, qui ne devrait pas remettre en question la domination des deux partis au pouvoir, sera annoncé vendredi après-midi en même temps que les résultats des législatives, selon la télévision d’Etat.

Trois heures avant la clôture du scrutin, à 17 heures, heure locale (18 heures à Paris), le taux de participation avait atteint 33,53 % – soit encore un peu moins que les 33,97 % aux législatives de 2012 à la même heure, selon le ministre de l’intérieur. Le dépouillement des bulletins de vote, qui a pris du retard, se poursuivait tard dans la nuit de jeudi à vendredi dans certaines circonscriptions électorales, selon cette source.

Scrutin prolongé d’une heure

Le scrutin avait été prolongé d’une heure (jusqu’à 20 heures) dans 42 circonscriptions électorales sur 48, en raison d’une « grande affluence » des électeurs dans les bureaux de vote, a précisé le ministre. Depuis l’instauration du multipartisme en 1989 en Algérie, l’opposition dénonce régulièrement des fraudes en faveur des partis au pouvoir. Le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections a multiplié les assurances quant à l’« intégrité » de l’élection.

Le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections, Abdelouahab Derbal, cité par l’agence de presse APS, table sur un taux de participation « supérieur » à celui de 2012, qui s’était établi à 43,14 %. Un chiffre cependant contesté.

Depuis des semaines, les autorités avaient lancé une offensive tous azimuts pour tenter de convaincre les Algériens d’aller voter, le président Abdelaziz Bouteflika assurant que ce geste contribuerait à la « stabilité du pays ».

L’abstention constitue une « hantise » pour les autorités, d’après le quotidien francophone Al-Watan, qui évoque « un désintérêt populaire manifeste à l’égard de ce scrutin », les Algériens semblant s’être davantage passionnés pour la campagne présidentielle en France, de l’autre côté de la Méditerranée.

Marasme économique

Les législatives surviennent en plein marasme économique et social. L’Algérie, pays riche en hydrocarbures, traverse une crise financière en raison de la chute des cours du brut. La santé chancelante du président Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, fait en outre régulièrement l’objet de spéculations. M. Bouteflika, qui en est à son quatrième mandat depuis 1999, a finalement voté jeudi en fauteuil roulant dans un quartier des hauteurs d’Alger.

Le président Abdelaziz Bouteflika s’est déplacé pour aller voter dans la capitale algérienne, Alger, le jeudi 4 mai 2017. | ZOHRA BENSEMRA / REUTERS

Le scrutin ne devrait pas remettre en question la domination des deux partis de l’Alliance présidentielle au pouvoir : le Front de libération nationale (FLN) du président Bouteflika, et son allié, le Rassemblement national démocratique (RND) du directeur de cabinet de la présidence Ahmed Ouyahia.

Le FLN, qui domine le paysage politique algérien depuis l’indépendance, en 1962, était arrivé en tête des législatives de 2012 avec 221 sièges, suivi du RND avec 70 sièges.

Après avoir essuyé un sérieux revers il y a cinq ans, les islamistes se sont présentés en ordre dispersé : ils participaient cette fois à travers deux coalitions rivales. Par ailleurs, un nouveau parti islamiste, présidé par un ancien ministre islamiste, farouche partisan du président Bouteflika, a réussi à présenter des listes dans les 48 circonscriptions électorales.

Ces législatives sont en revanche boycottées par le nouveau parti, Talaie Al-Houriat, créé en 2015 par l’ancien chef du gouvernement Ali Benflis, rival malheureux de M. Bouteflika à la présidentielle de 2014.

Près de 11 500 candidats en lice pour les législatives algériennes

Quelque 23 millions d’électeurs algériens sont appelés, jeudi 4 mai, à renouveler les sièges des 462 députés que compte l’Assemblée nationale (chambre basse du Parlement) parmi 11 500 candidats en lice.

A l’heure actuelle, l’alliance présidentielle au pouvoir, constituée par le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique, 221 sièges) et le Rassemblement national démocratique (RND, 68 sièges), constitue la principale force politique. Laminés lors des législatives de 2012 où ils n’ont obtenu que 60 sièges, les partis islamistes participent à travers deux coalitions rivales et un nouveau parti du Rassemblement de l’espoir de l’Algérie (TAJ).

Pour le pouvoir, qui voit dans ce scrutin une façon de se légitimer mais aussi de préparer le paysage politique de l’après-Bouteflika, le premier enjeu sera celui de la participation. En 2012, celui-ci s’était élevé à 43 % selon le chiffre officiel, contesté.