• Mozart
    Messe du couronnement. Vêpres solennelles d’un confesseur

    Solistes, Accentus, Insula orchestra, Laurence Equilbey (direction)

Pochette de l’album consacré à Mozart par Laurence Equilbey. | ERATO/WARNER CLASSICS

Sacrée, la musique n’est pas pour autant figée. Destinée à un couronnement, la messe n’a pourtant rien de pompeux. Tel est l’enseignement du premier disque enregistré par Laurence Equilbey pour le label Erato. Les deux chefs-d’œuvre d’un Mozart de 23 ans retrouvent ici la marque d’un esprit frondeur qui fait souffler un vent de folie dans la musique religieuse sans jamais la dénaturer. Laurence Equilbey trône à la tête des ensembles qu’elle a fondés (le chœur Accentus et l’Insula orchestra) et signe une interprétation de la Messe du couronnement où l’animation tend vers l’ivresse sans risquer le moindre déséquilibre du corps musical. Quant à ses Vêpres…, elles font plus que convertir l’auditeur ; elles l’aspirent, à l’instar d’un Laudate pueri qui invite à entrer dans la danse. Pierre Gervasoni

1 CD Erato/Warner Classics.

  • Christophe Wallemme
    Ôm Project

Pochette de l’album « Ôm Project », de Christophe Wallemme. | BONSAÏ MUSIC/SONY MUSIC

Compagnon de musique recherché depuis le milieu des années 1980, passé par l’ABC du jazz swing et bop, cofondateur en 1994 avec le pianiste Pierre de Bethmann et le batteur Benjamin Henocq de l’excellent trio Prysm, qui s’est mis en retrait en 2001, le bassiste et contrebassiste Christophe Wallemme a peu enregistré en leader. Trois albums, entre 2004 et 2008 et ce quatrième, Ôm Project, neuf ans après. Avec un son de pleine rondeur, que ce soit à la contrebasse ou à la basse électrique, une manière de jouer avec les rebonds dans les profondeurs du tempo, Wallemme est de ces musiciens qui emmènent la musique. Celle-ci relevant par endroits du jazz progressif mâtiné de rock des années 1970 qui peut faire penser à Bill Bruford, à d’autres moments de la chanson pop jazz (avec la voix de la Suédoise Isabel Sorling). Ailleurs, les imbrications avec les complexités rythmiques de la musique indienne font merveille. Avec Wallemme, des musiciens d’intentions fortes, le guitariste Manu Codjia, le claviériste Diederik Wissels, le saxophoniste Emile Parisien, le percussionniste Prabhu Edouard et le batteur Pierre-Alain Tocanier. Sylvain Siclier

1 CD Bonsaï Music/Sony Music.

  • Danyèl Waro
    Monmon

Pochette de l’album « Monmon », de Danyèl Waro. | COBALT-BUDA MUSIQUE/SOCADISC

« Eh dites-moi donc pourquoi ce serait plus beau maman que monmon », chante, en créole, Danyel Waro dans Famila, qui ouvre cet album séduisant, son septième enregistré en studio. D’entrée de jeu, il rappelle l’impérialisme sournois de la langue « du dehors » contre lequel il s’est toujours insurgé. La voix virevolte sur le rythme ternaire mené par le cœur battant du tambour roulèr et le roulis saccadé des graines du kayamb, ces percussions fondamentales du maloya, emblème musical et poétique de la créolité réunionnaise. Le chanteur ouvre le sens des mots à ceux qui n’ont pas le créole dans leur vie, avec les traductions et un lexique dans le livret. Sa poésie raconte des histoires, parle tendresse et spiritualité, égrène des hommages (notamment à toutes les « monmon »). A sa voix répondent les polyphonies rayonnantes de ses musiciens. Son fils Sami Pageaux-Waro et sa femme, Florans Féliks-Waro apportent leurs couleurs, lui aux instruments, elle à la voix. Et puis, il a invité Jean-Claude Acquaviva, l’ami du groupe de polyphonies corses A Filetta qui avait participé à l’album précédent Aou Amwin (Grand Prix de l’Académie Charles Cros). Monmon paraît juste après la réédition par Ocora Radio France d’un album de Firmin Viry (Maloya), celui qui a donné le goût du maloya à Danyel Waro. Patrick Labesse

1 CD Cobalt-Buda Musique/Socadisc.

  • Georg Philipp Telemann (1681-1757)
    Les 12 Fantaisies pour flûte solo

    François Lazarevitch (flûte)

Pochette de l’album « 12 Fantasias For Solo Flute », par François Lazarevitch. | ALPHA CLASSICS

Le flûtiste François Lazarevitch, par ailleurs fondateur de l’ensemble des Musiciens de Saint-Julien, est un de ces musiciens surdoués qui transforment en or toute la musique qu’ils jouent. Plus qu’une célébration du 250e anniversaire de la mort du compositeur allemand, ces Fantaisies sont une manne pour le répertoire de la flûte solo, également dépositaire d’une Partita de Bach père et de la Sonate en la mineur de Carl Philip Emanuel. Composée de mouvements contrastants, chacune des pièces affirme sa propre identité, toutes faisant profession de concision, et d’humeur changeante. La virtuosité époustouflante de l’interprète fait feu de tout bois ornemental, soulignant une richesse d’écriture qui flirte avec l’illusion polyphonique, à l’instar des Sonates et partitas pour violon de Bach ou de ses Suites pour violoncelle seul. Chantre du « traverso », Lazarevitch ne le cède en rien aux Fantaisies du grand Barthold Kuijken, auteur d’une version mythique pour flûte à bec en 1978 ( Accent). Marie-Aude Roux

1 CD Alpha Classics.