Série sur Netflix à la demande

DEAR WHITE PEOPLE Bande Annonce VF (Netflix 2017)

Se peindre le visage pour faire la fête entre « faux Noirs » à Hallo­ween (au cours d’une « blackface party »), est-ce raciste ou festif ? Au nom de quelle argumentation, en 2017, s’insurger contre le fait que de brillants étudiants blancs aient trouvé amusant de modifier leur couleur de peau ? A chacun d’y réfléchir, au sein du comité électoral noir de l’université (fictive) de Winchester avant de décider de la réaction à ap­porter à ce qui aura été « l’un des plus gros scandales qu’a ­connus l’université de Winchester à ce jour », commente la voix off qui nous introduit dans la série Dear White People.

« La race, un concept social »

« Ces gamins s’amusent en portant notre corps comme un costume et il n’y a que nous que ça gêne ? », s’indigne l’un. « La race, c’est un concept social », rétorque un autre, taxé d’intellectuel et appuyé par tout un sous-groupe de la fac. « Je pensais que ce racisme n’avait existé que dans les années 1960, ou sur BuzzFeed », commente une étudiante membre d’un mouvement estudiantin opposé aux intellos. « Vous ne pouvez pas vous montrer dans un costume d’Halloween qui nous ­représente et plaider l’ironie ou l’ignorance. Plus maintenant, c’est fini ! », gronde pour sa part Samantha White au micro de la radio du campus, avant d’expliquer à un étudiant de première année, apprenti reporter, qu’une telle « expérience sociologique » prouve assez, chez ces étudiants blancs, « ce qu’il y a sous la surface, dès qu’il y a une excuse pour oublier son libéralisme passif et bien policé… ».

Dear White People fut d’abord un long-métrage (2014), tourné en neuf jours pour un coût au ras du sol. Son auteur-réalisateur, Justin Simien, l’a repris pour élaborer une série qui, sous le même titre, explore avec mesure et humour les différentes façons de vivre et de se projeter en tant que jeune Noir(e) promis(e) à faire partie aujourd’hui de l’élite américaine – le tournage a pris fin le 8 novembre 2016, jour de l’élection du nouveau président des Etats-Unis.

"Les noirs sont favorisés" DEAR WHITE PEOPLE Extrait # 1

Accompagnant d’une certaine manière la sortie du documentaire Je ne suis pas votre nègre, que le cinéaste Raoul Peck consacre aux réflexions de l’écrivain américain James Baldwin, la série Dear White People s’ouvre sur une citation de ce dernier : « Le paradoxe de l’éducation, c’est qu’en devenant conscient on se met à examiner la société dans laquelle on est éduqué. » Or Dear White ­People nous introduit dans l’une de ces universités où sont formés les créateurs des futurs Facebook ou Snapchat et les prochains ­dirigeants ou présidents du pays.

Au centre de l’affaire créée par la fête d’Halloween, la jeune Samantha White (Logan Browning), métisse, étudiante en troisième année de sociologie des médias, qui, inquiète de la disparition de la culture noire, lasse du racisme souvent inconscient de ses coreligionnaires blancs, anime une émission au sein de la radio de l’université. Autour d’elle, Justin Siemen va prendre le temps, à chaque épisode, de présenter d’autres types d’étudiants, chacun attelé à sa propre stratégie pour faire face aux tensions raciales passées ou présentes, ainsi qu’à son mal-être de jeune adulte encore incertain de soi.

A chacun sa voix distincte, son regard en direction du futur, au sein d’une société où l’on choisira de contrer, d’ignorer ou de contourner les « dear white people ».

Dear White People, saison 1, série créée par Justin Simien. Avec Logan Browning, Brandon P. Bell (EU, 10 × 30 min, 2017).