Des partisans du président iranien et candidat à sa réelection Hassan Rohani, lors d’un meeting à Téhéran, le 4 mai. | ATTA KENARE / AFP

Les six candidats à la présidentielle iranienne du 19 mai se sont affrontés pendant trois heures, vendredi 5 mai, lors d’un deuxième et avant-dernier débat télévisé. Ils se sont accordés sur un seul point : le respect de l’accord sur le programme nucléaire de Téhéran, conclu avec les grandes puissances en juillet 2015. La signature de cet accord, qui a permis la levée partielle des sanctions frappant l’Iran, constitue la plus grande victoire du président Hassan Rohani, candidat à sa réélection. Mais ses adversaires ont critiqué son « laxisme » face à « l’ennemi » occidental.

« L’accord [sur le nucléaire] est un document respecté et accepté par toute la nation », a concédé le principal candidat des conservateurs, Ebrahim Raisi, un religieux chiite et un ancien procureur général proche du Guide suprême, Ali Khamenei. « L’accord est comme un chèque et, à cause de la faiblesse affichée par l’Etat, il ne peut absolument pas l’encaisser », a ajouté Ebrahim Raisi en pointant l’absence d’autorité du gouvernement face à l’Europe et aux Etats-Unis. « Les sanctions bancaires, elles, ont été maintenues », a enchaîné ce candidat qui, contrairement au premier débat, tenu une semaine plus tôt, a adopté une attitude plus offensive.

La critique du bilan économique de M. Rohani, notamment la faible croissance (1 %, entre mars 2016 et mars 2017) et le chômage élevé (officiellement de 12,4 %, mais sous-évalué), constitue aussi l’argument central de la campagne menée par le maire conservateur de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, qui tente à nouveau sa chance après deux échecs aux présidentielles de 2005 et 2013. Pour M. Ghalibaf, « l’accord n’a fait que promouvoir les importations européennes » et n’a profité qu’aux « 4 % », l’expression par laquelle il désigne le petit cercle de privilégiés qui bénéficient de toutes les rentes et abusent de leur pouvoir, c’est-à-dire M. Rohani et ses proches.

Colère

Des propos qui ont provoqué la colère le président qui a, à son tour, accusé ses adversaires d’avoir agi en coulisse contre les négociations nucléaires ou d’avoir publié des affiches insultantes pour les diplomates iraniens « dans les rues de Téhéran ». « Nous avons vu comment ils ont écrit des slogans sur les missiles pour que nous ne puissions pas profiter de l’accord », a lancé le président Rohani dans une rare critique publique des gardiens de la révolution (pasdarans), l’armée d’élite du régime, qui avaient fait inscrire des phrases anti-israéliennes sur des engins tirés lors de tests balistiques perçus comme des provocations en Occident.

Vers la fin du débat, Hassan Rohani a appelé les électeurs à rejeter « un retour en arrière », sans mentionner le nom de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad, dont les deux mandats avaient été marqués par l’adoption de sanctions contre l’Iran ayant pour conséquence une inflation galopante et l’isolement du pays.

« Nous sommes à mi-chemin (...). Il faut que nous poursuivions la voie de l’espoir », a lancé Hassan Rohani, soutenu pendant le débat par son vice-président, Eshagh Jahangiri, lui aussi candidat à la présidentielle mais qui, très probablement, se retira de la course avant le vote.