L’école maternelle Saint-Hubert, à Yerres, dimanche 7 mai 2017. | Agnès Dherbeys / MYOP pour Le Monde

Rarement un homme politique se sera fait si discret sur l’heure à laquelle il procéderait au rituel de se faire immortaliser par les caméra en poussant le rideau de son isoloir. Mais à quelle heure Nicolas Dupont-Aignan viendra-t-il voter dans son bureau de l’écoles maternelle Saint-hubert à Yerres (Essonne) ? Aucun horaire de sa venue n'a été communiqué contrairement à la coutume, dimanche 7 mai pour le second tour de l’election présidentielle. Il y a quinze jours, il était venu dès tôt dès 9heures. Personne dans la matinée .

L’ancien candidat Debout la France ! n’a pourtant pas manqué de faire parler de lui dans l’entre-deux-tours, lui qui a frôlé les 5 % des suffrages lors du premier tour de la présidentielle. Il est ensuite est apparu comme la plus belle prise de campagne de Marine Le Pen en vue du second tour, en annonçant son ralliement à la candidate d’extrême droite.

Mais si M. Dupont Aignan est si discret c’est que dans sa ville de Yerres, sa décision fait des remous. « Ah il n’est pas encore venu ? » lançait un homme à la mi-journée dans la salle entourée de porte-manteaux d’enfants, transformée en bureau de vote. « Eh bien il ne vaut mieux pas qu’il me croise ». « Une trahison », lancent les uns, une « faute politique pour les autres ». Dans une commune où sa liste avait été élue dès le premier tour à plus de 77 % des voix en 2014 la décision du maire a fait de nombreux déçus.

« Son alliance ne passe pas »

Michèle, formatrice de 56 ans est de ceux là. Plutôt de gauche, elle salue comme tant d’autre un « bon maire ». « Il est plus social que ce qu’il peut laisser paraître, il fait beaucoup pour aider les jeunes, il y a des logements sociaux dans toutes les nouvelles constructions, on a des écoles religieuse... », énumère-t-elle, ajoutant : « On le croyait plus intègre ».

Un constat partagé par de nombreux Yerrois qui votent dans le même bureau de lui. Toute la semaines, des habitants se sont rassemblés pour protester contre cette alliance qui leur déplaît. Ils avaient interrompu les manifestations pour le week-end pour se conformer aux règles des campagnes électorales mais la tension était palpable dans l’après-midi. A 13 heures, une dizaines de policiers de la brigade anti-criminalité de Montgeron étaient ainsi positionnés à proximité de son bureau de vote alors que le bruit courait qu’il pourrait voter avant 15 heures, puis vers 16 heures.

Si Marine Le Pen, qui a assuré qu’elle le choisirait comme premier ministre, ne venait pas à l’emporter dimanche soir, M. Dupont-Aignan pourrait ainsi vivre un troisième tour délicat lors des législatives de juin où il brigue un nouveau mandat. De nouvelles manifestations sont prévues dès lundi. « Son alliance ça ne passe pas, confie Anne-Marie, 72 ans, brushing impeccable et lunettes fumées. Il a été extraordinaire comme maire mais c’est fini, on ne votera plus pour lui. »

A Yerres, ville de Nicolas Dupont-Aignan, dimanche 7 mai 2017. | Agnès Dherbeys / MYOP pour "Le Monde"