L’ancienne ministre de la justice américaine par intérim Sally Yates, lundi 8 mai, devant la commission judiciaire du Sénat. | AARON P. BERNSTEIN / REUTERS

L’ancienne ministre américaine de la justice par intérim Sally Yates a confirmé lundi 8 mai avoir averti le président Donald Trump du risque d’un « chantage » de Moscou sur son directeur à la sécurité nationale de l’époque, Michael Flynn. « Nous pensions que le général Flynn était compromis vis-à-vis des Russes », a-t-elle déclaré devant la commission judiciaire du Sénat lors d’une audition sur l’ingérence de la Russie dans la présidentielle.

Michael Flynn a été poussé à la démission le 13 février après la révélation de contacts répétés avec l’ambassadeur russe à Washington avant et après l’élection, et ses déclarations inexactes au vice-président Mike Pence à ce sujet.

« Cela posait un problème parce que nous pensons que les Russes étaient non seulement au courant [du fait que M. Flynn avait menti à M. Pence] mais qu’ils avaient aussi probablement des preuves », a expliqué Mme Yates. « Et cela créait une situation compromettante, une situation où en gros les Russes pouvaient faire chanter le conseiller à la sécurité nationale », des Etats-Unis, a-t-elle conclu.

Numéro deux du ministère de la justice sous l’ancien président Barack Obama, Sally Yates avait effectué l’intérim à la tête du ministère à partir de l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier, avant d’être limogée dès le 30 janvier pour avoir marqué son refus du décret anti-immigration du nouveau président.

Pas de révélations fracassantes

Mais la haute fonctionnaire, qui s’exprimait aux côtés de l’ancien directeur du renseignement James Clapper, n’a pas fait de révélations fracassantes, rappelant à plusieurs reprises être tenue par le secret d’informations classifiées.

Donald Trump a réagi et s’est défaussé dans une série de tweets, assurant notamment que « le général Flynn avait obtenu les accréditations de sécurité par l’administration Obama ».

« Demandez à Sally Yates, sous serment, si elle sait comment une information classifiée est sortie dans la presse peu après qu’elle l’a expliquée à la Maison Blanche », a-t-il ajouté, apparemment toujours plus indigné par la fuite elle-même.

Dans une interview la semaine dernière, il avait déjà rejeté l’accusation de piratage russe, assurant par exemple qu’il « aurait pu s’agir de la Chine, cela aurait pu être beaucoup d’autres groupes ».

Lors de sa première rencontre avec Donald Trump dans le bureau Ovale, quelques jours après l’élection, Barack Obama a pourtant conseillé à son successeur de ne pas embaucher Michael Flynn. Il l’a notamment mis en garde « en raison du comportement de Flynn en tant que patron de la DIA », l’agence de renseignement militaire, où il avait été nommé en 2012, a affirmé à l’Agence France-presse (AFP) un ex-responsable de l’administration Obama sous couvert d’anonymat.