L’ancien militaire radicalisé, arrêté vendredi 5 mai aux abords de la base aérienne d’Evreux (Eure) et suspecté d’avoir envisagé un projet solitaire d’attentat, a été mis en examen lundi 8 mai par un juge antiterroriste et écroué, a annoncé une source judiciaire à l’Agence France-Presse.

Alain F., un ancien soldat de 34 ans au « profil psychologique très instable », selon une source proche du dossier, a été mis en examen pour « entreprise individuelle terroriste » et « tentative d’intrusion sur un terrain militaire », puis placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet de Paris, a précisé la source judiciaire.

Suivi depuis 2014

Ancien soldat de l’armée de terre, il était suivi et fiché par la police judiciaire en raison de sa radicalisation depuis 2014. Interpellé le 5 mai, il était recherché depuis la découverte de sa voiture, vers minuit, près de la base aérienne 105 d’Evreux.

Dans la voiture de cet homme, les enquêteurs avaient retrouvé un exemplaire du Coran et une cartouche, a rapporté une autre source proche du dossier. Une clé USB contenant une déclaration d’allégeance à l’organisation Etat islamique (EI) a également été découverte dans sa voiture. Par ailleurs, plusieurs petits drapeaux du groupe djihadiste ont été trouvés sur le suspect, dans sa voiture et près de la base militaire, ont ajouté ces sources.

Passant les alentours de la base au peigne fin, les forces de l’ordre avaient retrouvé, cachés dans un fourré, un fusil à pompe et des munitions ainsi que deux armes de catégorie D en vente libre, des revolvers à poudre. Aucune trace d’explosif n’a cependant été découverte, selon une source proche du dossier.

Allégeance à l’EI

D’après ses premières déclarations en garde à vue, le suspect a affirmé aux enquêteurs avoir préparé une revendication au nom l’EI enregistrée sur la clé USB, a rapporté une autre source proche de l’enquête. « Des photos de lui habillé en combattant avec les épaulettes et le bandeau de l’EI » ont également été trouvées sur cette clé USB, selon les sources proches du dossier.

L’homme, né à Melun et âgé de 34 ans, soldat entre 2003 et 2013, s’est converti à l’islam, et est décrit comme « très radicalisé » et « psychologiquement instable » par une source proche du dossier. Il avait fait l’objet de deux perquisitions administratives en 2015 et 2017. Il avait aussi été visé par une enquête judiciaire pour avoir cherché à se procurer des armes, mais les investigations n’avaient pas abouti. Sans être fiché « S », il était inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT).

Rien ne permet d’affirmer à ce stade que cet homme a réussi à pénétrer dans l’enceinte militaire, et les enquêteurs cherchent encore à déterminer s’il était sur le point de commettre une action violente ou s’il faisait des repérages. L’enquête a été confiée à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT).