Malgré la politique de modération de Facebook, les discours de haine prolifèrent sur Facebook. | REGIS DUVIGNAU / REUTERS

Une nouvelle décision de justice vient de donner tort à Facebook en Autriche. Vendredi 5 mai, la justice autrichienne a imposé à Facebook de supprimer les discours considérés comme haineux en Autriche sur toute sa plateforme – et pas seulement de les bloquer dans le pays.

C’est le parti vert autrichien qui avait porté plainte dans cette affaire, accusant de faux comptes de publier des insultes à l’encontre de sa porte-parole, Eva Glawischnig. Le parti reprochait à Facebook de ne pas avoir supprimé ces publications, malgré plusieurs semaines.

Facebook avait déjà perdu un premier procès en décembre dans ce dossier et décidé de faire appel. La cour a confirmé sa sanction, et l’a même alourdie en affirmant que les contenus problématiques ne devaient pas seulement être bloqués en Autriche, mais supprimés partout dans le monde, ce qui n’était pas précisé dans la première décision.

Qui plus est, la justice a souligné que tous les posts identiques devaient être supprimés, arguant qu’il était facile, pour Facebook, d’automatiser ce procédé. Or jusqu’ici, Facebook n’examine et ne supprime, si nécessaire, que les publications signalées par les internautes. Celles qui n’ont pas été signalées passent donc entre les mailles du filet, même s’il s’agit d’une copie d’un contenu supprimé sur un autre compte.

Pression en Europe sur Facebook

La cour a néanmoins rejeté l’idée que Facebook devait être en mesure de supprimer automatiquement toutes les publications similaires – et non identiques –, ce qu’exigeaient les plaignants. Ceux-ci souhaitaient aussi que les auteurs de ces publications soient identifiés et que Facebook soit condamné à payer des dommages et intérêts.

Cette décision intervient alors que la pression s’accentue sur Facebook et les géants du Web en Europe sur la question de la modération. Il leur est reproché de laisser proliférer sur leurs plateformes des messages incitant à la haine, faisant l’apologie du terrorisme, etc. Un projet de loi allemand, présenté le mois dernier, envisage ainsi d’infliger des amendes pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros aux entreprises ne supprimant pas les messages illicites en moins de vingt-quatre heures.

Facebook, qui affirme depuis longtemps lutter contre ce type de messages, avec un succès limité, a fait une annonce d’importance la semaine dernière. Le plus grand réseau social a annoncé l’embauche de 3 000 modérateurs supplémentaires, qui s’ajoutent aux 4 500 personnes composant déjà son équipe.