La Cour pénale internationale (CPI) envisage d’ouvrir une enquête sur les crimes visant les migrants en Libye, qui est devenue un « marché » pour la traite des êtres humains, a déclaré, lundi 9 mai, la procureure de cette instance, Fatou Bensouda.

Des milliers de migrants, dont des femmes et des enfants, sont retenus dans des centres de détention en Libye où « les crimes, y compris meurtres, viols et actes de torture, sont présumés monnaie courante », a-elle déclaré devant le Conseil de sécurité des Nations unies, précisant que la CPI était en train de collecter des éléments sur ces crimes présumés.

Elle s’est dite « consternée par les informations crédibles selon lesquelles la Libye est devenue un marché pour le trafic d’êtres humains ». La CPI « examine soigneusement la possibilité d’ouvrir une enquête sur les crimes liés aux migrants en Libye » si ces cas relèvent de la compétence du tribunal, a ajouté l’ancienne avocate gambienne.

Les passeurs de migrants clandestins profitent du chaos qui règne en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. La plupart des départs ont lieu depuis l’ouest du pays, à destination de l’Italie qui se trouve à 300 km par la mer.

Exécutions sommaires

Notant que la situation sécuritaire en Libye s’est « considérablement détériorée » depuis 2016, Mme Bensouda a mis en garde contre les liens entre la contrebande de migrants et le développement du crime organisé et des réseaux terroristes dans le pays.

Le nombre de migrants ayant quitté la Libye pour l’Europe a augmenté de près de 50 % cette année par rapport aux premiers mois de 2016.

Lundi, les agences de l’ONU ont signalé la mort de 11 migrants et près de 200 disparus après le naufrage de deux bateaux au large du pays.

Fatou Bensouda a également déclaré suivre de près une offensive menée dans l’est du pays, après l’apparition d’une vidéo semblant montrer des crimes graves commis par des soldats de l’armée nationale libyenne, y compris des exécutions sommaires de détenus.

La procureure de la CPI a également exhorté les autorités libyennes à arrêter l’ancien chef de la sécurité de Kadhafi, Al-Touhami Khaled. Selon elle, qui réside actuellement en Libye et fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre depuis 2013.