Le patron de la puissante agence de renseignement a annoncé que ses équipes avaient averti la France que « les Russes avaient pénétré certaines infrastructures » hexagonales. | JACQUELYN MARTIN / AP

Qui est responsable de la publication de milliers de courriels issus de la campagne d’En marche ! ? Certains ont vu dans la divulgation d’une grande quantité de fichiers quelques minutes avant le silence imposé par la loi aux candidats à la présidence française une opération inspirée, voire téléguidée, par le régime russe.

Pourtant, à ce stade, il est impossible de le savoir. L’enquête, diligentée par le parquet de Paris et confiée à la brigade spécialisée dans la cybercriminalité de la préfecture de police, vient à peine de commencer. L’exploitation des éléments techniques recueillis dans les systèmes informatiques du mouvement prendra du temps, et ne permettra pas forcément d’aboutir à une conclusion définitive.

L’activité de certains groupes de pirates – notamment celui que les Etats-Unis ont accusé d’avoir agi sur ordre de Vladimir Poutine – contre les réseaux de la République française est pourtant soutenue, et ce depuis plusieurs mois. Guillaume Poupard, le directeur de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi) – le garde du corps numérique de l’Etat –, reconnaissait à l’automne devant des journalistes que ses équipes détectaient très régulièrement leur activité. « Nous les voyons, et nous les stoppons », avait-il expliqué.

« Nous étions conscients de l’activité russe »

Ils n’étaient pas les seuls : Michael S. Rogers, le chef de la NSA, la puissante agence de renseignement électronique américaine, a déclaré mardi 9 mai lors d’une audition au Sénat que ses équipes avaient détecté des attaques contre les systèmes français par le passé, non sans en avertir les autorités hexagonales compétentes :

« Nous étions conscients de l’activité russe. Nous avions parlé à nos homologues français et les avions avertis : “Regardez, nous surveillons les Russes. Nous les voyons pénétrer dans certaines de vos infrastructures. Voilà ce que nous avons vu. Que pouvons-nous faire pour vous aider ?” »

Cette discussion, explique l’amiral Rogers, a eu lieu « avant les événements (…) du week-end dernier », une allusion aux documents internes de la campagne d’Emmanuel Macron. Les Etats-Unis ont-ils vu précisément les événements et les activités qui ont débouché sur leur publication ? Contactée par Le Monde, la NSA n’a pas souhaité préciser les déclarations de son directeur. Un silence prudent partagé par l’Anssi, également jointe par Le Monde.