Documentaire sur Planète+ à 1 h 20

VINO BUSINESS EXTRAIT 1

Les vignobles bordelais n’échappent pas à la mondialisation et à la spéculation internationale. Depuis plusieurs années déjà, les propriétaires de prestigieux châteaux ont vendu à prix d’or leurs domaines à des fonds d’investissement, à des multinationales, à des assureurs ou encore à de richissimes hommes d’affaires français et étrangers (chinois notamment). Le montant d’un hectare pour un grand cru classé atteint des sommes irrationnelles et peut se négocier au-delà des 4 millions d’euros. C’est dire les enjeux financiers qui dépendent de petites grappes de raisin.

Plaire aux critiques

Qui dit fonds d’investissement ou multinationales dit taux de rentabilité et le vin n’échappe pas à cette règle intangible. « Mieux vaut avoir du pomerol qu’un bon du Trésor américain », ironise Dominique Techer, un vigneron-paysan issu de cette commune mondialement réputée. En effet, les châteaux qui produisent de grands crus ne connaissent pas la crise. Leurs propriétaires peuvent recruter des œnologues et autres conseillers qui trouveront le bon mélange entre les différents cépages pour sortir le meilleur des vins. Tout cela dans un seul but : que ces grandes bouteilles continuent à se monnayer plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’euros sur le marché.

Selon le documentaire Vino business, s’ils cherchent la formule magique, c’est avant tout pour séduire les journalistes, car ce sont eux qui noteront le cru, et de cette évalusation dépendra le prix de la bouteille. Tous les moyens sont utilisés pour plaire à ces critiques avec le risque d’uniformiser le goût des grands vins.

ZED

Ainsi, quand le temps est maussade et annonce un mauvais millésime, les vignerons n’hésitent pas à utiliser des levures chimiques pour aider le vin à se développer et ont recours à l’épandage de pesticides. Cela n’est pas sans conséquences : selon le laboratoire œnologique Excell, 90 % des vins analysés contiennent des traces de résidus de ­pesticides. Le documentaire pointe les dérives de la spéculation sur les bordeaux et donne la parole à des vignerons qui résistent aux pressions de la finance, préférant continuer à travailler leurs terres pour ne pas perdre l’âme du vin.

Vino business, d’Isabelle Saporta et Damien Vercaemer (Fr., 2014, 52 min).