Michael Flynn, ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, en février à  Washington. | Carlos Barria / REUTERS

L’effet de souffle provoqué par l’annonce du limogeage du directeur du FBI, mardi 9 mai en fin d’après-midi, a immédiatement détourné l’attention de l’affaire qui occupait Washington depuis vingt-quatre heures : les modalités de l’éviction, le 13 février, du premier conseiller à la sécurité nationale choisi par le président Donald Trump, le général de réserve Michael Flynn.

La veille, devant la commission des affaires judiciaires du Sénat, Sally Yates, une juriste qui avait assuré l’intérim au ministère de la justice entre la démission de l’attorney general des Etats-Unis de l’administration sortante, Loretta Lynch, et l’actuel responsable de ce département, Jeff Sessions, avait livré un témoignage sans concession à propos de M. Flynn. « Nous pensions que le général s’était compromis vis-à-vis des Russes », avait-elle assuré. Après son départ de l’armée, M. Flynn avait en effet multiplié les contacts avec Moscou, et accepté de l’argent sans en prévenir les autorités américaines, ce qui le rendait susceptible de faire l’objet d’un « chantage », selon Mme Yates.

Mensonges

M. Flynn avait également menti sur le contenu de discussions avec l’ambassadeur de Russie à Washington, contenu révélé par des écoutes de routine. Mme Yates s’était donc rendue à la Maison Blanche les 26 et 27 janvier pour en informer le conseiller juridique de M. Trump. Le président avait cependant attendu plus de deux semaines avant de demander la démission de son conseiller à la sécurité nationale, qui avait exercé ses prérogatives jusqu’à la dernière minute.

Sally Yates avait été elle-même limogée treize jours plus tôt, à la suite d’une divergence de vues avec la présidence à propos du texte d’un décret anti-immigration. Elle avait ordonné à ses équipes de ne pas défendre une disposition qu’elle considérait comme contraire à la loi. La majorité des juges fédéraux sollicités à ce sujet lui ont donné raison jusqu’à présent.

La presse américaine, quelques heures avant l’audition de Mme Yates, avait assuré que, lors de sa première rencontre avec Donald Trump dans le bureau Ovale, deux jours après l’élection du 8 novembre, Barack Obama avait conseillé à son successeur de ne pas nommer Michael Flynn à un poste aussi sensible. Ce dernier avait été poussé à la démission de la Direction du renseignement militaire au cours du second mandat du président démocrate.

L’affaire Flynn apparaît jusqu’à présent comme distincte de l’enquête en cours du FBI sur la Russie. La police fédérale cherche en effet à savoir si des membres de l’équipe de campagne de M. Trump ont pu se coordonner avec les responsables des piratages informatiques imputés à Moscou.