Une mère adolescente du quartier de Sintian au Sénégal, rentre chez elle avec sa fille. | Matteo Maillard

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est devenue officiellement, mardi 9 mai, la première organisation régionale à adopter un plan d’élimination de l’apatridie, lors d’une conférence ministérielle à Banjul, la capitale gambienne.

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a lancé en novembre 2014 une campagne pour éradiquer à l’horizon 2024 ce phénomène de privation de nationalité, qui concerne au moins 10 millions de personnes dans le monde. En Afrique de l’Ouest, l’apatridie, due notamment à des législations restrictives en matière de transmission de la nationalité, concerne surtout la Côte d’Ivoire, où vivent de nombreux apatrides provenant du Burkina Faso.

C’est d’ailleurs dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan, que les 15 Etats membres de la Cédéao avaient adopté le 25 février 2015 une déclaration « qui reconnaît l’apatridie comme un fléau en Afrique de l’Ouest et se sont engagés à mettre fin à ce phénomène d’ici à 2024 », ont rappelé le HCR et l’organisation régionale dans un communiqué conjoint.

« L’Afrique de l’Ouest se pose en leader de la lutte contre l’apatridie en Afrique et dans le monde », selon le texte, publié à l’issue de cette réunion des ministres de la justice et de l’intérieur de la Cédéao, qui compte 330 millions d’habitants.

« Interdiction de transmettre sa nationalité »

« Un million de personnes sont apatrides en Afrique de l’Ouest », selon le haut-commissaire assistant pour les réfugiés, Volker Türk, cité dans le communiqué. « De plus, on estime à au moins 30 % de la population le nombre de celles et ceux qui, dans la région, n’ont pas de papiers prouvant leur identité ou leur nationalité. »

Lors de la réunion, le représentant régional du secrétaire général de l’ONU, Mohamed Ibn Chambas, a souligné que « les femmes et les enfants souffrent tout particulièrement des situations d’apatridie, lorsque les pratiques culturelles de la législation interdisent aux femmes de transmettre leur nationalité à leurs enfants, surtout ceux nés hors de leur pays ». « Certaines lois sur la nationalité contiennent encore des discriminations basées sur le genre ou l’appartenance ethnique et raciale », a déploré Liz Ahua, représentante du HCR pour l’Afrique de l’Ouest.

Le plan d’action régional adopté mardi « énonce des mesures concrètes visant à tarir les sources de l’apatridie, en palliant les insuffisances des lois sur la nationalité et les défaillances en matière de preuve de la nationalité ». Il doit cependant encore être entériné par les instances de la Cédéao pour devenir un document légalement contraignant pour les Etats membres.