Le ministre britannique des affaires étrangères, Boris Johnson et le président de la Somalie, Mohamed Abdullahi Mohamed, lors de la conférence de presse qui a suivi la signature de l’accord à Londres, jeudi 11 mai. | Kirsty Wigglesworth / AP

Stabiliser le fragile état de la Corne de l’Afrique en renforçant sa sécurité, en luttant contre la famine et en relançant l’économie : tel est l’objectif fixé par le pacte de sécurité conclu jeudi 11 mai entre le président somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, et la communauté internationale.

Mohamed Abdullahi Mohamed a salué « un jour historique pour la Somalie », lors de cette conférence qui a réuni à Londres une quarantaine de délégations et des institutions comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Ligue arabe, en présence du secrétaire général des Nations unies (ONU) Antonio Guterres, du ministre américain de la défense James Mattis et de la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

« Les attentes sont très élevées mais ne pas y arriver n’est pas une option », a déclaré le président communément connu sous le nom de Farmajo.

La réduction de la dette du pays en discussion

La Somalie et ses partenaires se sont entendus sur un pacte de sécurité de 17 pages qui vise à poser les fondations d’un pays pacifié et prospère. Il prévoit notamment que l’armée nationale assume davantage la sécurité du pays.

Farmajo a en outre appelé à la levée, dans un futur proche, de l’embargo sur les armes imposé à son pays, assurant que si l’armée nationale n’a pas de meilleures armes pour combattre l’insurrection islamiste des Chabab, le conflit pourrait durer une autre décennie.

Le secrétaire américain à la défense, James Mattis, s’est entretenu avec lui et a déclaré aux journalistes que les Etats-Unis continueraient à épauler l’infanterie somalienne en fournissant des équipements non-létaux. « Il y a sans aucun doute un espoir renouvelé fondé sur l’élection de ce qui semble être un très bon leader, tant du fait de sa compréhension des besoins en matière de sécurité militaire que des efforts économiques. »

Des discussions ont également été engagées pour tenter de réduire la dette du pays, qui s’élève à 5,3 milliards de dollars (4,88 milliards d’euros), en échange d’une réforme de son économie.

Eviter une nouvelle famine

« La Somalie a un gouvernement auquel nous pouvons faire confiance et un plan qui fait sens », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Il a cependant souligné que si plus de 600 millions de dollars (550 millions d’euros) ont été levés cette année pour lutter contre la sécheresse, il faudra 900 millions de dollars supplémentaires au cours des six prochains mois pour éviter que la situation ne s’aggrave en famine.

Antonio Guterres a rappelé que « près de la moitié de la population » de la Somalie avait besoin d’une assistance, faisant de la lutte contre la sécheresse « la plus urgente des priorités ».

Pour le ministre britannique des affaires étrangères, Boris Johnson, qui a co-organisé cet événement avec le président somalien et le secrétaire général de l’ONU, « nous avons les moyens d’éviter une famine et une catastrophe si, et seulement si, nous augmentons notre réponse collective ». La dernière famine en Somalie, en 2011, née d’une grave sécheresse dans la Corne de l’Afrique et aggravée par l’insurrection chabab, avait fait 260 000 morts.