« James Comey ferait bien d’espérer qu’il n’existe pas d’“enregistrements” de nos conversations avant qu’il commence à faire des révélations à la presse ! », a tweeté M. Trump. | EVAN VUCCI / AP

Si ce n’est pas une menace, cela ressemble fort à un avertissement sans frais. Dans une série de tweets rageurs, vendredi 12 mai, le président américain, Donald Trump, a mis en garde James Comey, l’ancien patron du FBI. « James Comey ferait bien d’espérer qu’il n’existe pas d’“enregistrements” de nos conversations avant qu’il commence à faire des révélations à la presse ! », a tweeté M. Trump.

Le tweet ressemble à une menace et a rappelé le système mis en place par le président Richard Nixon (1969-1974), qui enregistrait ses conversations téléphoniques et dans le bureau Ovale à l’insu de ses interlocuteurs, une manie qui se retourna contre lui dans le scandale du Watergate.

Crainte d’une fuite

Dans la presse américaine, de très nombreuses sources anonymes au sein de la Maison Blanche et de l’administration ont décrit la confusion et la tension des derniers jours, la version officielle du limogeage ayant changé pour devenir de plus en plus personnelle. Ces fuites sont constantes depuis l’arrivée au pouvoir du milliardaire, qui s’en plaint publiquement.

Le président a rapporté, jeudi, dans un entretien à NBC avoir eu deux conversations téléphoniques et un dîner avec M. Comey au cours desquels il a demandé s’il était visé par l’enquête du FBI sur une collusion avec la Russie.

« J’ai dit : “Si c’est possible, pouvez-vous me dire s’il y a une enquête sur moi ?” Il a répondu qu’il n’y avait pas d’enquête sur moi », a expliqué M. Trump, en référence à l’enquête en cours au FBI sur de possibles liens entre son entourage et des responsables russes durant la campagne électorale de 2016.

Tentative de corruption

Mais, malgré les assurances données par M. Comey, Donald Trump a avoué qu’il avait l’affaire avec la Russie en tête quand il a pris la décision de le renvoyer : « En fait, quand je me suis décidé, je me suis dit : “Ce truc avec la Russie, Trump et la Russie, c’est une histoire inventée.” »

Selon M. Trump, les deux hommes en avaient parlé une première fois lors d’un « dîner très sympa ». « Il voulait rester le chef du FBI et j’ai dit que j’y réfléchirais, a révélé M. Trump. Et ce jour-là, il m’a dit que je n’étais pas visé par une enquête, ce que je savais déjà de toute façon. »

Du point de vue juridique, ces propos peuvent s’apparenter à des pressions du président sur le patron du FBI. Selon le New York Times, M. Trump aurait demandé à M. Comey une promesse de loyauté lors d’un dîner une semaine après son entrée à la Maison Blanche. D’après le journal, qui cite deux associés de M. Comey, ce dernier aurait refusé de donner un tel engagement, mais aurait assuré M. Trump de son « honnêteté ».

Deux enquêtes sont également en cours au Congrès pour déterminer s’il y a eu collusion avec la Russie pour favoriser la candidature du républicain au détriment de son adversaire démocrate, Hillary Clinton.

Trump répond aux critiques sur sa communication

M. Trump a également réagi vendredi matin aux critiques concernant la communication de ses équipes après le limogeage surprise de M. Comey. Les versions ont en effet fluctué au fil des jours, différant même en fonction des interlocuteurs.

« En tant que président très actif avec énormément de choses en cours, il n’est pas toujours possible à mes équipes de se tenir sur un podium en ayant une parfaite exactitude », a relevé le milliardaire. « La meilleure chose serait peut-être d’annuler tous les points de presse à l’avenir et de remettre des réponses par écrit pour davantage d’exactitude », a-t-il poursuivi.

L’éviction surprise du patron du FBI James Comey n’a pas simplement soulevé une onde de choc à Washington : elle a également provoqué une flambée des paris sur une éventuelle destitution de Donald Trump.

Selon eux, la probabilité de voir le président des Etats-Unis visé par une procédure parlementaire d’impeachment (« mise en accusation ») avait quasi doublé mercredi, passant de 33 % à 60 %, a affirmé Lewis Davey, porte-parole de la société irlandaise de paris en ligne Paddy Power.