Editorial du « Monde ». Le compte à rebours s’accélère. Durant trois jours, du 13 au 16 mai, la commission d’évaluation du Comité international olympique (CIO) va examiner, à Paris, le dossier de candidature de la capitale française pour l’organisation des Jeux olympiques de 2024. Il restera ensuite quatre mois à l’équipe qui porte ce projet pour convaincre les membres du CIO. C’est, en effet, le 13 septembre, à Lima (Pérou), qu’ils départageront les deux dernières villes candidates : Paris et Los Angeles.

D’ici là, à n’en pas douter, les éternels grincheux redonneront de la voix pour s’alarmer que Paris se lance à nouveau dans cette folle aventure. Depuis les précédentes tentatives, notamment depuis l’échec cuisant de 2005, lorsque Londres l’avait emporté au finish contre la capitale française pour organiser les Jeux de 2012, leurs arguments sont connus.

Critiques ressassées

Les JO, disent-ils, sont un gouffre financier fort malvenu en ces temps de disette budgétaire. Les budgets initiaux ont toujours explosé, et certaines villes, comme Athènes, ne s’en sont jamais remises. D’ailleurs, soulignent-ils, plusieurs villes candidates (Budapest, Rome et Boston) se sont retirées de la course ces derniers mois. Quant à la grande fête planétaire du sport et à l’idéal olympique du baron Pierre de Coubertin, ils seraient, aujourd’hui, effacés par le grand cirque publicitaire mondial que sont devenus les Jeux modernes. Et menacés par les soupçons – ou les cas avérés – de dopage et de corruption qui ridiculisent encore trop souvent l’éthique sportive.

L’on connaît ces critiques ressassées, ces récriminations frileuses, ce pessimisme obsidional où se complaît trop volontiers le pays. Mais l’on veut espérer qu’ils seront, cette année, balayés par la dynamique de Paris 2024. L’équipe organisatrice a su tirer les leçons des échecs passés. Ce sont des responsables sportifs qui pilotent, cette année, le comité d’organisation, au premier rang desquels Tony Estanguet, triple champion olympique et membre du CIO. Et non plus les responsables politiques, même si ceux-ci apportent un soutien unanime, depuis la maire de Paris et la présidente de la région Ile-de-France jusqu’au nouveau président de la République et ses deux prédécesseurs.

Un investissement raisonnable

Les leçons économiques et financières ont également été retenues. Comparé aux coûts pharaoniques des JO de Pékin en 2008 (32 milliards d’euros) et plus encore des JO d’hiver de Sotchi en 2014, le projet parisien témoigne d’une sobriété certaine. La capitale et sa région disposent déjà de la plupart des équipements nécessaires. Seuls restent à aménager le centre aquatique et les villages des athlètes et des médias. Au total, le coût annoncé est de moins de 7 milliards d’euros, couverts par le CIO, les sponsors et investisseurs privés, l’Etat, les collectivités locales et la billetterie.

Cela représente un investissement raisonnable si l’on tient compte – au-delà même des emplois induits et du coup de fouet pour le tourisme – des retombées structurelles pour la région parisienne : accélération des infrastructures de transport déjà engagées dans le cadre du Grand Paris et développement de quartiers nouveaux dans le nord et l’est de la capitale.

Gageons enfin que les Français trouveraient dans ce projet un motif de confiance et d’ambition. Ne manquons pas l’occasion de ressusciter l’optimisme collectif qu’avait pu provoquer le Mondial de football 1998. Qu’il se soit ensuite effacé n’est pas une raison pour y renoncer. Au contraire.