Des fidèles ont déjà commencé à affluer à Fatima, jeudi 11 mai. | PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP

Des dizaines de milliers de fidèles attendent avec trépidation l’arrivée, vendredi 12 mai, du pape François au sanctuaire portugais de Fatima, placé sous haute sécurité pour le centenaire des apparitions supposées de la Vierge Marie à trois jeunes bergers.

« J’ai déjà vu le pape à Rome, mais cette fois j’espère pouvoir lui tenir la main ou au moins le prendre en photo », a dit à l’AFP Anita Wong, 61 ans, venue exprès de Hongkong avec une amie pour vivre sa foi catholique.

De nombreux groupes de pèlerins, qui se sont déplacés à pied depuis plusieurs régions du Portugal, affluaient sous un ciel orageux vers l’esplanade du sanctuaire, certains parcourant à genoux les derniers mètres qui mènent à la petite chapelle des apparitions pour prier devant la statue de Notre-Dame de Fatima.

« Le sentiment du devoir accompli que l’on ressent en arrivant, c’est quelque chose d’indescriptible », a témoigné José Manuel Pinheiro, 42 ans, au terme d’un périple de sept jours entamé à Povoa do Varzim, ville du nord du pays située à 240 km de là. Il effectue ce pèlerinage à pied chaque année, depuis que sa femme a été guérie d’une maladie diagnostiquée en 2007. « C’est la première fois que je vais voir le pape François, donc cette année ce sera différent. »

Sécurité renforcée

Quelque 400 000 pèlerins pourront se rassembler sur la gigantesque esplanade au pied de la basilique de Fatima afin d’assister à une prière publique et une bénédiction du pape François. D’autres centaines de milliers de pèlerins se contenteront d’écrans géants pour apercevoir le souverain pontife. A la nuit tombée, les fidèles suivront une traditionnelle procession aux flambeaux, occasion d’un deuxième salut très attendu du pape.

La venue du pape a poussé les autorités portugaises à déployer un dispositif de sécurité d’une ampleur inédite, qui mobilisera chaque jour quelque 6 000 membres des forces de l’ordre et des services de secours. Les contrôles aux frontières ont été rétablis depuis mercredi, la circulation automobile sera totalement interdite aux abords du sanctuaire, l’espace aérien surplombant l’enceinte sera fermé et un dispositif de brouillage des signaux électroniques empêchera le vol de drones.

Jusqu’ici épargné par la vague d’attaques terroristes qui ont frappé l’Europe ces dernières années, le Portugal se souvient encore de la tentative d’attentat perpétrée à Fatima contre Jean Paul II, le 12 mai 1982, par un prêtre espagnol intégriste armé d’une baïonnette. Le Portugal n’a cependant pas jugé nécessaire de relever son niveau d’alerte, qui reste à un degré modéré, 3 sur une échelle de 5.

Un pèlerin hors norme

Le pape argentin, qui voue une intense dévotion à Marie et apprécie la vitalité de la piété populaire, a annoncé qu’il venait pour vingt-quatre heures en « pèlerinage ». « Je viendrai au milieu de vous dans la joie de partager avec tous l’Evangile de l’espérance et de la paix », a-t-il déclaré mercredi dans un message vidéo adressé aux Portugais.

Le pèlerin hors norme partira vendredi à 14 heures (15 heures à Paris) de Rome pour une arrivée prévue un peu plus de deux heures plus tard à la base aérienne militaire de Monte Real, au nord de Lisbonne. Il sera accueilli à sa descente d’avion par le président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, avec qui il aura une rencontre privée. François partira ensuite directement par hélicoptère à Fatima, distante d’une quarantaine de kilomètres, pour faire une entrée triomphale après 18 heures (19 heures) au sanctuaire marial à bord d’une « papamobile » acheminée spécialement de Rome.

Pour le centenaire des premières apparitions mariales aux trois enfants, Francisco et sa sœur Jacinta, morts très jeunes de la grippe espagnole, seront déclarés saints par le pape lors d’une messe de canonisation. La Vierge serait apparue à six reprises de mai à octobre 1917 à Jacinta, Francisco et leur cousine Lucia, âgés de 7 à 10 ans.