• Ludwig van Beethoven
    Variations Diabelli

    Muriel Chemin (piano)

Pochette de l’album consacré aux Variations Diabelli de Beethoven par Muriel Chemin. | ODRADEK RECORDS

On connaît l’histoire. Un éditeur autrichien – Anton Diabelli – en quête de publicité demande à une cinquantaine de compositeurs d’écrire une variation sur une valse de son cru. Beethoven en fait… trente-trois. Un cycle pianistique bien dans sa manière de titan. Muriel Chemin le restitue sans jamais forcer le trait, comme un parcours initiatique. Le thème de Diabelli n’est ni génial, ni anonyme mais, « repris » (1re variation) par Beethoven, il a l’allure d’une marche qui conduit majestueusement vers l’inconnu. Celui-ci prend forme par petites touches pour s’imposer dans le mystère et la singularité (variations 9 et 13, entre autres). Entre l’aimable divertissement de Diabelli et le tentaculaire complexe du « grand sourd », Muriel Chemin nous montre qu’il y a un monde et que le monde de Beethoven n’est pas celui des Bisounours. Pierre Gervasoni

1 CD Odradek Records.

  • Richie Beirach & Gregor Huebner
    Live at Birdland New York

Pochette de l’album « Live at Birdland New York », de Richie Beirach et Gregor Huebner. | ACT MUSIC/PIAS

Passé l’exposé de la mélodie de You Don’t Know What Love Is, composition de Gene de Paul (1919-1988), entrée dans le panthéon des standards du jazz, dans un traitement assez sobre, la machine est lancée. Tempo rapide, très marqué walking bass, une note sur tous les temps, au minimum, de George Mraz, pulsation de la batterie de Billy Hart, les doigts de Richie Beirach qui courent sur le clavier. Le trompettiste Randy Brecker prend le premier solo, suivi par Beirach, gamin joueur de 70 printemps. Puis le violoniste Gregor Huebner, bientôt avec le seul soutien de la batterie. La pochette de Live at Birdland New York, enregistré dans le célèbre club les 25 et 26 août 2012, met en avant les noms de Beirach et Huebner, signe d’une collaboration depuis plus de vingt ans, mais c’est bien d’un allant collectif qu’il s’agit ici. En six plages, longues, mais sans longueurs. Avec un autre emportement, celui qui conduit au plus haut Transition, de John Coltrane (1926-1967). Sylvain Siclier

1 CD ACT Music/PIAS.

  • Fionn Regan
    The Meetings of the Waters

Pochette de l’album de Fionn Regan, « The Meeting of the Waters (Tsunemi Ai/Abbey Records) | Tsunemi Ai/Abbey Records

Parmi la légion de néo-folksingers – souvent soporifiques – apparus avec le retour en grâce du genre, l’Irlandais Fionn Regan s’était distingué en 2006 avec son premier essai, The End of History. Même si le charme tenait davantage à la beauté de sa voix elfique, maîtrisant les aigus sans jamais forcer, qu’à l’originalité des compositions ou à celle d’une épure à la guitare acoustique. Le compatriote de Damien Rice, influence évidente, est resté quelque peu confiné dans cette formule jusqu’à ce cinquième album, suivant cinq années de silence. Cette fois, la six-cordes n’est plus qu’un élément d’une orchestration impressionniste, riche de claviers, de samples et de chœurs, qui permet de varier les ambiances en faisant briller d’emblée la magnifique chanson-titre. On retrouve cette délicatesse proche du modèle Paul Simon (Turn The Skies of Blue on) et cette écriture romantique associant humeurs sentimentales aux métamorphoses de la nature (jusqu’à inclure du zen japonisant), mais ce folk atmosphérique, qui rappelle celui de Bon Iver, peut muer à l’occasion en pop radiophonique (le tubesque Cape of Diamonds) ou en embardée bruitiste (Babushka-Yai Ya, hommage à Kate Bush). Un retour accompli qui s’apparente à un nouveau départ. Bruno Lesprit

1 CD Tsunemi Ai/Abbey Records.