Les Népalais sont appelés aux urnes pour les premières élections locales depuis ving ans. | PRAKASH MATHEMA / AFP

Après une décennie de guerre civile (1996-2006), qui a fait 16 000 morts et abouti à la chute de la monarchie hindoue pluriséculaire, le Népal renoue dimanche 14 mai avec les élections locales. La dernière fois que les Népalais ont voté aux élections locales, il y a vingt ans, la guerre civile débutait tout juste. Appelés à départager plus de 50 000 candidats pour 13 556 postes allant de maire à conseiller de district, les habitants du pays himalayen doivent combler ce vide institutionnel sur lequel la corruption a proliféré.

S’inscrivant dans le cadre du processus de paix, ce scrutin constitue une étape-clé de l’enracinement du fonctionnement démocratique dans la désormais République fédérale. Aux termes de la nouvelle Constitution, le vote sera suivi d’élections provinciales puis nationales, ces dernières en janvier 2018 au plus tard.

Le mandat des représentants locaux élus en 1997 a expiré en 2002, au pire de la guerre. Les vacances ont été remplies par des bureaucrates, souvent nommés en fonction de leur allégeance à des partis politiques. Et de fait, sans personne en charge, la corruption sur le terrain a proliféré.

De nombreux candidats indépendants

La nouvelle Constitution, adoptée en 2015 après presque dix ans de tractations, donne une plus grande autonomie aux gouvernements locaux dans la dépense des fonds qui leur sont alloués. Cette mesure sera effective à partir du moment où des élections auront eu lieu et devrait contribuer, selon des experts, à diminuer la culture de rente dans l’administration. Pays parmi les plus corrompus d’Asie du Sud, le Népal occupe de 131e place sur 176 dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International.

Signe de défiance envers les trois principaux partis en place – les maoïstes, le Congrès népalais (centre droit) et les nationalistes du CPN-UML – nombre de candidats se présentent en indépendants ou à la tête de nouvelles formations au programme réformiste. Ainsi, la capitale, Katmandou, voit parmi les aspirants à la fonction de maire une jeune femme de 21 ans – dont le parti, Bibeksheel Nepali, se traduit par « le parti des Népalais rationnels » –, ou un candidat d’une récente organisation fondée par l’ancien rédacteur en chef du service népalais de la BBC.

Les bureaux de vote ouvriront dimanche à 7 heures locales (dans la nuit en France) dans trois provinces, le vote ayant été découpé en deux phases par crainte de violences. Les quatre régions restantes devraient, elles, voter le 14 juin.