Jean-Luc Mélenchon en visite a Marseille pour déclarer officiellement sa candidature dans la 4ème circonscription. | ARNOLD JEROCKI / DIVERGENCE POUR LE MONDE

Il en manque encore une dizaine pour arriver aux 577 circonscriptions mais La France insoumise n’a pas attendu la liste complète pour lancer, samedi 13 mai, sa campagne législative. Une convention devait réunir ses candidats à Villejuif (Val-de-Marne) avec, en fin de journée, une prise de parole de Jean-Luc Mélenchon, lui-même candidat à Marseille face au sortant socialiste, Patrick Mennucci.

Le député européen l’a répété : il souhaite une majorité pour imposer une cohabitation à Emmanuel Macron. Un appétit aiguisé par ses résultats du premier tour de la présidentielle – 19,58 % des voix – qui lui ont permis d’arriver en tête dans 67 circonscriptions. L’idée est de nationaliser au maximum la campagne. Née il y a à peine un an, La France insoumise y a tout intérêt, elle qui n’a ni élu ni maillage territorial. Un appel aux dons a été lancé afin de récolter un million d’euros pour financer le matériel national.

La plupart des prétendants expérimenteront leur première campagne électorale. Proposées par leur groupe d’appui, cellule de base de La France insoumise, les candidatures ont été départagées par un comité électoral national. Selon l’équipe de M. Mélenchon, la moyenne d’âge est de 41 ans, plus de 88 % ne sont pas élus et 63 % n’ont aucune carte de parti. L’engagement de respecter la parité a été pris.

Parmi les figures de la société civile, une des avocates de la famille de Rémi Fraisse, Claire Dujardin, tentera de s’imposer en Haute-Garonne (1re circonscription) face à la socialiste sortante Catherine Lemorton, présidente de la commission des affaires sociales. Jean-Marie Brom, militant historique de la lutte contre le nucléaire, est candidat à Strasbourg, dans la première circonscription du Bas-Rhin. Rémy Garnier, l’ancien inspecteur des impôts qui a contribué à faire tomber Jérôme Cahuzac, se présente dans la circonscription de l’ex-ministre de l’économie (3e du Lot-et-Garonne). Le syndicaliste CGT d’Arcelor Mittal, Lionel Burielo, tente lui sa chance dans la 8e de Moselle où se trouve Florange. Sans oublier l’humoriste Gérald Dahan dans les Hauts-de-Seine.

Une volonté hégémonique

Tous ne sont pas des novices. La garde rapprochée de Jean-Luc Mélenchon se lance aussi dans la bataille, quasiment exclusivement dans des circonscriptions détenues par la gauche. En Haute-Garonne, l’ex-directeur de campagne de M. Mélenchon, Manuel Bompard, affrontera le sortant socialiste Christophe Borgel, également « monsieur élections » du Parti socialiste (PS). Danielle Simonnet, coordinatrice du Parti de gauche, croisera le fer face à la députée Europe Ecologie Les-Verts (EELV) sortante, Cécile Duflot, dans l’est parisien. Son alter ego, Eric Coquerel, a atterri en Seine-Saint-Denis, dans la circonscription détenue par l’éphémère ministre de l’intérieur socialiste Bruno Le Roux, qui ne se représente pas. Autre dirigeante du Parti de gauche (PG), Sarah Legrain, s’attaque au premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, dans le nord de Paris. Charlotte Girard, coresponsable du programme, ira, elle, défier Malek Boutih (PS) dans la 10e de l’Essonne.

Alexis Corbière, porte-parole de M. Mélenchon pendant la présidentielle, s’invite quant à lui chez le socialiste Razzy Hammadi à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Une circonscription perdue en 2012 par les communistes que ces derniers espèrent bien récupérer avec Gaylord Le Chequer, adjoint au maire de la ville. Même scénario à Ivry-sur-Seine (10e du Val-de-Marne), où « l’insoumise » Mathilde Panot, coordinatrice des groupes d’appui, fait face à Pascal Savoldelli, chargé des élections au Parti communiste français (PCF). Deux des cas qui ont contribué à faire échouer les négociations nationales mais autant de lieux où M. Mélenchon a fait de très bons scores. « Le choix pour ses proches et lui a été d’aller dans les circonscriptions les plus “confortables”, là où la droite et le FN sont le plus bas possible », critique Pierre Laurent, secrétaire national du PCF.

Retenant les erreurs de 2012 où le Front de gauche s’était retrouvé classé par le ministère de l’intérieur en plusieurs étiquettes, M. Mélenchon a conditionné son soutien à la signature d’une charte imposant un cadre commun (visuel et programmatique), une association de financement unique et la discipline de vote. Une obligation qui a refroidi la plupart de ses potentiels alliés qui ont dénoncé une volonté hégémonique. « Ce n’est pas de l’ordre du gadget de dire qu’on ne veut pas de la soupe aux logos, souligne Mme Simonnet. Ce qui fédère, c’est se retrouver sur un programme et un cadre ouvert. »

Certains ont cependant pu sauter cette étape : la députée communiste sortante, Marie-George Buffet (Seine-Saint-Denis), la porte-parole d’Ensemble, Clémentine Autain (Seine-Saint-Denis), le journaliste François Ruffin (Somme), ou encore le député EELV sortant, Sergio Coronado (Français de l’étranger). Des candidats PCF et France insoumise s’affronteront dans la très grande majorité des circonscriptions, y compris chez les sortants communistes. De quoi faire revoir sérieusement à la baisse les ambitions de chacun.