Le Monde

Macron a souvent rimé avec Napoléon au soir de l’élection présidentielle, dimanche 7 mai. La Cour du Louvre, la Pyramide, l’âge de l’impétrant, autant de symboles offerts aux commentateurs de l’événement prêts à filer la métaphore. Mais Napoléon ne se conjugue pas uniquement en termes de personnages historiques illustres. Aux oreilles de nombre de Français, le mot a d’abord une résonance sonnante et trébuchante, quand le Napoléon se glisse entre lingots et autres souverains dans leur bas de laine. Toutefois pour ces amateurs de valeurs refuges, pas d’« effet Macron » à fêter. Lundi 8 mai, l’once d’or se négociait à 1 229,8 dollars contre 1 228,05 dollars vendredi 5 mai. L’or est resté de marbre.

Le métal jaune s’est déprécié sans attendre la date fatidique. D’autant que la tendance est plutôt au repli.

Il est vrai que la victoire d’Emmanuel Macron avait été anticipée par les investisseurs. Et que ceux qui avaient empoché de l’or, s’inquiétant d’une montée en puissance de Marine Le Pen, s’en sont délestés avant le verdict des urnes. Le métal jaune s’est plutôt déprécié sans attendre la date fatidique. D’autant que la tendance est plutôt au repli. Vendredi 12 mai, l’once, après une nouvelle glissade se reprenait toutefois, pour terminer à 1 228,40 dollars.

Une faible volatilité de l’once d’or

En retrait, donc, mais sans brusques soubresauts. En ces temps troublés, les analystes soulignent, paradoxalement, la faible volatilité du métal précieux. L’or gelé. Pourtant à chaque événement qui jette une ombre froide sur l’avenir et fait frissonner les épargnants, il s’échauffe quelque peu. Que la tension entre les Etats-Unis et la Corée du Nord monte d’un cran, que les discordes européennes sur fond de Brexit animent les marchés ou que la poussée des populismes inquiète, le creuset de la spéculation fait légèrement remonter les cours.

Mais d’autres facteurs pèsent plus lourd et ramènent l’aiguille de la balance à son point de départ. Depuis octobre 2016, la perspective de remontée des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) à partir de décembre, accompagnée d’un renforcement du billet vert, a fait changer d’humeur les investisseurs. L’or, qui ne rapporte rien, perd alors de son lustre face à des intérêts palpables. Résultat, alors que l’once d’or brillait après l’annonce du Brexit, affichant une progression de 35 % en juillet, il a terminé l’année sur une hausse limitée de 8 %, faisant pâle figure face aux métaux industriels qui, eux, ont fini 2016 en fanfare.

L’or a aussi perdu une once d’argent à la suite de l’opération de démonétisation de l’Inde, sachant que le sous-continent représente un quart de la demande mondiale de bijouterie. Les investisseurs scrutent désormais les importations alors que la saison des mariages bat son plein. Selon le Conseil mondial de l’or, la demande a repris et le volume aurait été multiplié par quatre en avril par rapport à avril 2016. Pas de quoi encore inverser la tendance de fond. Sur l’ensemble de l’année 2017, l’institut de recherche Cyclope table sur un repli de l’or de 8 %. Le Napoléon rétrécirait d’autant….