Sergei Karpukhin / REUTERS

Plusieurs milliers d’habitants de Moscou ont manifesté, dimanche 14 mai, pour protester contre un plan d’urbanisme défendu par la mairie et le gouvernement prévoyant la destruction de plusieurs milliers de bâtiments d’habitation dans les banlieues de la capitale russe.

La police estime que la manifestation dans le centre-ville de Moscou a réuni 5 000 personnes, les organisateurs 30 000 et l’organisation indépendante Compteur Blanc près de 20 000 personnes. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un rassemblement de mécontentement d’une ampleur rare dans la capitale russe.

Défilant sous des drapeaux où étaient marqués les noms de leurs quartiers, les manifestants ont dénoncé la destruction prévue de 4 000 immeubles et le relogement de beaucoup d’entre eux dans des quartiers où ils ne veulent pas déménager. Pavel Kouznetsov, 38 ans, est un de ces Moscovites concernés et dit à l’AFP :

« Je vis dans un quartier tranquille et vert, avec ma petite amie et maintenant on veut nous expulser vers un quartier moins prestigieux, alors que notre immeuble est encore solide et aurait pu tenir encore longtemps ».

Sergei Karpukhin / REUTERS

La foule a réclamé la démission du maire de Moscou, Sergueï Sobianine, ancien directeur de cabinet de Vladimir Poutine. La mairie défend sa décision de raser des immeubles vétustes et datés datant de la période soviétique par des raisons de sécurité et de manque de place dans cette ville de 12 millions d’habitants. Elle compte les remplacer par de hautes constructions permettant de loger bien plus de familles.

Les détracteurs du maire répondent en l’accusant de ne pas respecter la propriété privée et de vouloir ériger des immeubles de luxe pour la population aisée.

Surnommés les « Khrouchtchevki » parce que construits à l’époque où Nikita Khrouchtchev dirigeait l’Union soviétique, dans les années 1950 et 1960, les immeubles promis à la destruction sont emblématiques des banlieues de Moscou, mais aussi de très nombreuses villes russes où ils ont permis de résoudre la crise du logement que connaissait alors le pays.