C’est une première pour le Portugal. Son représentant a remporté le 62e concours de l’Eurovision dans la nuit de samedi 13 à dimanche 14 mai à Kiev, en devançant la Bulgarie et la Moldavie. Salvador Sobral, crooner de 27 ans en attente d’une greffe de cœur en raison d’une sévère insuffisance cardiaque, a ému les millions de téléspectateurs du show musical européen avec son mélancolique morceau jazzy « Amar Pelos Dois » (« Aimer pour deux »).

« C’est une victoire pour la musique, pour les gens qui font de la musique qui veut vraiment dire quelque chose », a réagi le jeune artiste aux longs cheveux noirs et à la barbe parsemée. « La musique, ce n’est pas un feu d’artifices, ce sont des sentiments, essayons de changer cela et de revenir à la musique car c’est ce qui compte. »

Le Portugal n’avait jamais dépassé la sixième place. Il succède à l’Ukraine arrivée première en 2016 à l’issue d’un duel très politique avec la Russie grâce à la chanteuse Jamala et une ballade évoquant les persécutions subies à l’époque soviétique par les Tatars de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.

Sans ternir les paillettes de ce monument dédié depuis plus de 60 ans au glamour ou au kitsch, la mort de quatre civils près de la ligne de front a contraint le président ukrainien à annuler sa venue à la fête. Petro Porochenko a malgré tout rappelé que le concours représentait un « événement très important », qui devait offrir au monde un autre visage de son pays meurtri par trois ans d’une guerre qui a fait plus de 10 000 morts.

La candidate russe interdite d’entrée

Le Portugal a émergé dans les toutes dernières heures comme le chouchou des parieurs pour remporter la compétition. Il partageait le podium des parieurs avec Francesco Gabbani qui a conquis l’Italie avec son entraînant « Occidentali’s karma », interprété de sa voix éraillée à côté d’un danseur déguisé en gorille.

Le chanteur italien Francesco Gabbani (accompagné de son gorille), était l’un des favoris des parieurs. | SERGEI SUPINSKY / AFP

Le candidat de la Bulgarie Kristian Kostov, âgé de seulement 17 ans, a failli créer la surprise en arrivant deuxième. Né à Moscou et ayant participé à des télé-crochets russes, il s’était lui aussi produit en Crimée depuis l’annexion mais il avait été autorisé à concourir car il n’avait alors que 14 ans.

Ouvert par Israël, le clou du spectacle était donné par la France, qui espérait son premier succès depuis Marie Myriam et « L’oiseau et l’enfant » en 1977. Alma, la chanteuse de 28 ans se classe en 12e position avec « Requiem », où elle a glissé quelques paroles en anglais pour conquérir le public de l’Eurovision.

La Française Alma est classée 12e du concours de chant le plus regardé en Europe. | SERGEI SUPINSKY / AFP

Les tensions entre Moscou et Kiev s’étaient de nouveau invitées cette année dans la compétition. La candidate russe Ioulia Samoïlova, qui se déplace en fauteuil roulant, a été interdite d’entrée par les autorités ukrainiennes pour avoir chanté en Crimée. Cette décision a conduit au refus de la Russie de diffuser l’événement, et à l’exclusion du pays.