Les supporters de l'ASM se sont réunis samedi soir 13 mai place de Jaude, à Clermont-Ferrand. | B.Sérot

Il y avait comme un air de déjà-vu samedi soir 13 mai aux abords de la place de Jaude, à Clermont-Ferrand. La pluie qui s’était abattue sur la ville toute la journée était finalement prémonitoire du désenchantement qui s’est emparé de la ville à l’issue du match. Sentant le souffle de la défaite arriver, certains supporters avaient même décidé de quitter la place avant la fin du match. Sur les joues des supporters, les larmes se mêlaient à la pluie et faisaient couler le maquillage jaune et bleu pourtant appliqué avec précision.

Quelques heures auparavant, la place de Jaude, configurée en fanzone pour l’occasion, avait commencé de se remplir. Et il fallait plus que des averses pour empêcher les 20 à 25 000 supporters d’affluer en centre-ville. Speaker, DJ, la ville avait déployé les grands moyens. Clapping, répétition des chants, à moins d’une heure du coup d’envoi, la Yellow Army était prête à s’embraser. La domination sans partage des Saracens en début de match à quelque peu douché l’enthousiasme des supporters clermontois. Après deux essais encaissés en vingt minutes, la Yellow Army était sonnée. Il fallait attendre l’essai de Rémi Lamerat pour réveiller une masse jaune et bleue qui y a cru jusqu’au bout.

Eternel optimisme

Pour Arnaud, supporter rochelais vêtu d’un drapeau jaune, cette finale vécue à Clermont était une grande première et l’expérience s’est révélée plutôt réussie : « Il y avait vraiment une bonne ambiance ». Son compagnon de finale, Etienne, était loin d’être abattu après cette nouvelle défaite : « On a tout donné, il n’y aucun regret. Je suis déçu mais heureux. Plus on l’attend, plus la victoire sera bonne ».

Même écho chez Martin : « Je suis déçu mais heureux du parcours de l’équipe. On est tombé sur une magnifique équipe des Saracens qui était quand même championne d’Europe en titre, il ne faut pas l’oublier. On a montré qu’on avait le meilleur public de France, et maintenant d’Europe, avec cette place de Jaude remplie ». Ce jeune rugbyman ne perd pas espoir et reste optimiste pour la suite de la saison : « Ca va les rebooster pour le championnat. Et si on est finale, on sera encore plus nombreux au Stade de France et au moins autant place de Jaude ».

« Plein d’amour »

Drôle d’ambiance que celle qui flotte à Clermont après une finale. La frustration et la colère générées par la défaite côtoient les éternels optimistes. « Dans l’immédiat, on va aller fêter l’événement. C’est quand même pas tous les jours qu’on est en finale ! » s’exclame Julie. « Il faut rester optimiste, ne pas s’apitoyer sur son sort. Allez l’ASM, toujours ! ».

A quelques mètres, un jeune supporter enlace une de ses amies, en larmes. A quelques mètres, un autre supporter tente d’évacuer toute sa frustration en frappant les pavés de la place de Jaude de son drapeau. Un seul mot sortira de sa bouche : « Dégoûté ». A ses côtés, Océane essaie de le consoler, en vain. « Mais on s’est bien amusé ! Et puis on commence à être habitué. Mais j’ai plein d’amour pour eux », s’exclame Mégane.

Croisées sur le chemin du retour, Agnès, Véronique et Annick gardent leur bonne humeur malgré la défaite : « On est déjà content de les voir en finale. On ne peut pas leur en vouloir, ils ont fait ce qu’ils pouvaient. » Si la déception est perceptible, « on est moins déçu qu’avant. Ils n’ont pas perdu comme d’habitude ».

Le match est fini depuis une heure. Alors que la pluie fait son retour et que les enceintes continuent de cracher de la musique, certains supporters n’arrivent toujours pas à quitter la place de Jaude. D’autres se ruent vers les bars alentours. Mais tous ont prévu de continuer à faire la fête pour oublier que leurs joueurs ont encore perdu une finale.