Les salariés Mim n’ont pas dit leur dernier mot. Quatre des employés de l’enseigne d’habillement, mise en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) le 26 avril, ont décidé de relancer leur projet de société coopérative ouvrière et participative (SCOP) pour reprendre 110 de ses magasins et 500 de ses salariés.

Un premier projet avait été monté à la hâte dans le cadre d’une offre de reprise à la barre du tribunal. Il n’avait pas été retenu par les juges de Bobigny. Depuis, les liquidateurs judiciaires sont à la recherche de repreneurs pour les 126 magasins Mim, restant après « résiliation des baux éphémères », précise Me Jim Sohm, l’un des deux liquidateurs désignés par les autorités judiciaires.

« Plusieurs manifestations d’intêrêt pour les magasins liquidés »

L’enseigne, née en 1976, exploitait 233 succursales en France. Le groupe français Etam et l’enseigne suisse Tally Weijl ont obtenu 71 points de vente à la barre du tribunal, en reprenant 287 salariés. Depuis, près de 800 employés sont dans l’expectative.

« Nous avons obtenu déjà reçu plusieurs manifestations d’intérêt pour les magasins liquidés », assurait jeudi 11 mai MSohm. Parmi elles figure le projet de SCOP imaginé par Isabelle Vilela, gestionnaire de stock de Mim, déléguée du personnel du syndicat SECI-UNSA, Michael Gharbi, responsable de la hotline, autre élu syndical SECI-UNSA, Loïc Bossière, directeur commercial, et Mathieu de Mesmay, directeur des ressources humaines. Ces quatre salariés espèrent relancer l’enseigne sur un créneau de mode basique en reprenant notamment les magasins situés à Paris dans le centre commercial du Forum des Halles, des gares de l’Est et du Nord, ainsi que ceux de la gare Saint-Charles, à Marseille (Bouches-du-Rhône), et du centre commercial La Part-Dieu, à Lyon (Rhône).

« Nous avons besoin d’un prêt de 10 millions d’euros », explique M. Gharbi, qui assure avoir le soutien de plusieurs fournisseurs et d’une « centaine de salariés Mim ». Les quatre porteurs du projet de SCOP multiplient les rendez-vous dans les ministères pour décrocher un prêt du Fonds de développement économique et social. Mercredi 3 mai, ils ont été reçus à Bercy par des représentants des ministères de l’industrie, du commerce et du travail pour une réunion technique. Le secrétaire d’état à l’industrie, Christophe Sirugue, avait assuré au président du tribunal de ­commerce, lors du redressement judiciaire, que l’Etat était « prêt à s’engager pour soutenir » le ­projet « en examinant sans délai l’octroi d’un prêt ».

« Plus politique que technique »

Qu’en sera-t-il après la nomination d’un nouveau gouvernement ? « C’est une question politique plus que technique », juge un proche du dossier. En cette « période de transition » et de passation des dossiers relevant de la restructuration d’entreprises en difficulté, les services de l’Etat assurent tout entreprendre pour « éviter la rupture dans l’instruction ».

Le temps presse. Les salariés Mim doivent décrocher leur financement d’ici au 2 juin, date limite de dépôt des offres auprès des autorités judiciaires. D’ici là, les services de l’Etat les pressent de fédérer davantage de salariés en les associant au capital de la SCOP. La part sociale serait de l’ordre de 50 euros. Ils doivent aussi peaufiner leur business planpour démontrer la viabilité de leur projet. Pour l’heure, les porteurs du projet tablent sur un bénéfice d’exploitation de 2 millions d’euros, un an après la relance de l’enseigne.

Ce ne sera pas aisé. Le marché de l’habillement est laminé par une crise sans précédent depuis 2008. La concurrence s’est durcie sur le segment de l’entrée de gamme, notamment depuis l’entrée en France de la chaîne irlandaise Primark, précise M. Gharbi. Toutefois, ce projet bénéficie d’un appui de poids aux yeux des pouvoirs publics. Il prévoit la nomi­nation, en tant que directeur général, de Xavier Wilmes, ancien directeur commercial et ancien PDG de l’enseigne.