Le président du FDP, Christian Lindner, à Berlin le 28 avril. | TOBIAS SCHWARZ / AFP

Pour la deuxième fois depuis 1966, les conservateurs de la CDU dirigeront la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, bastion historique de la social-démocratie allemande. Mais cette victoire en cache une autre : celle du FDP, le Parti libéral-démocrate, qui a enregistré, dimanche 14 mai, une performance inattendue.

Avec environ 12,5 % des voix, le FDP a réalisé le meilleur score de son histoire dans cette région, où il n’avait dépassé la barre des 12 % qu’une fois depuis la guerre, en 1950. Lors des dernières élections, en 2012, il avait obtenu 8,6 % des voix. Ce score serait anecdotique s’il ne venait s’ajouter à d’autres. Le 26 mars, dans la Sarre, le FDP a obtenu 3,3 % des voix, ce qui ne lui a pas permis d’entrer au Parlement régional, mais ce qui représente cependant 2 points de plus que lors du scrutin précédent, en 2012. Le 7 mai, il a totalisé 11,5 % des suffrages dans le Schleswig-Holstein, une progression de 3,3 points par rapport aux dernières élections, en 2012 également.

Précieux appoint

A moins de cinq mois des élections législatives du 24 septembre, ces résultats confirment ce que les sondages à l’échelle nationale laissent augurer depuis quelques mois : un possible retour des libéraux-démocrates au Bundestag, d’où ils avaient été chassés, en 2013, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale.

Fort de ces bons scores, Christian Lindner, qui dirige le parti depuis 2013 et en était la tête de liste en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, compte bien s’imposer dans les prochains mois comme une figure de premier plan sur la scène nationale. Agé de 38 ans, ce bon orateur, à qui ses adversaires reprochent un ego hypertrophié, s’est fixé pour mission de rajeunir le FDP et de diversifier ses thèmes de prédilection. Il s’est efforcé notamment de promouvoir le développement de l’économie numérique et la protection des données personnelles, afin que sa famille politique ne soit plus seulement identifiée à la défense des plus nantis et à la quasi seule revendication des baisses d’impôts, comme à l’époque de son prédécesseur Guido Westerwelle, ancien ministre des affaires étrangères de Mme Merkel, mort en 2016.

Crédité d’environ 8 % des intentions de vote pour les législatives, le FDP pourrait se révéler comme un partenaire incontournable d’une prochaine coalition. En cas d’une nouvelle victoire de la CDU en septembre, l’appoint des libéraux-démocrates pourrait en effet être précieux pour la chancelière au cas où celle-ci envisagerait de former un gouvernement sans les sociaux-démocrates, avec lesquels elle dirige le pays depuis 2013.