La chancelière allemande, Angela Merkel, arrive à un meeting de la CDU, à Berlin, le 15 mai. | MICHAEL KAPPELER / AFP

Abaisser les impôts et dynamiser les investissements. C’est ce qu’a expressément demandé le Fonds monétaire international (FMI) à Berlin, lundi 15 mai, s’en prenant de nouveau aux excédents allemands, jugés trop élevés.

Les marges budgétaires dont dispose l’Allemagne « devraient être utilisées pour des initiatives renforçant le potentiel de croissance, comme des investissements dans les infrastructures physiques et numériques, l’aide à l’enfance, l’intégration des réfugiés et l’allégement du poids fiscal sur le travail », a énuméré le FMI dans son rapport régulier sur l’économie allemande (chapitre IV).

L’Allemagne est la cible de critiques récurrentes des institutions internationales ou de ses partenaires commerciaux qui l’accusent de ne pas suffisamment importer et investir afin d’en faire profiter par ricochet d’autres pays, notamment européens.

Le Fonds suggère aussi une politique incitant les Allemands à travailler plus longtemps, ce qui pourrait encourager la population vieillissante à consommer plus au lieu d’épargner pour la retraite.

« Une hausse continue des salaires »

D’autant qu’en 2016, l’Allemagne a engrangé un excédent record de son budget, de près de 24 milliards d’euros, ce qui correspond à un excédent de 0,8 % du PIB, tandis que la plupart de ses voisins européens, dont la France, se débattent avec des déficits.

Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, adepte de l’orthodoxie budgétaire, avait certes évoqué de possibles baisses d’impôt, mais seulement après les élections générales prévues à l’automne et si le parti conservateur d’Angela Merkel l’emporte.

Dans son rapport, le FMI préconise aussi « une hausse continue des salaires et de l’inflation » dans le pays « pour augmenter l’inflation dans la zone euro et faciliter la normalisation de la politique monétaire ». La Banque centrale européenne (BCE) pratique depuis plus de deux ans une politique de soutien massif à l’économie, avec des taux d’intérêt historiquement bas, dont elle devrait sortir progressivement étant donné la reprise de la conjoncture dans la zone euro. Mais les banquiers centraux jugent la relance des prix encore trop fragile pour changer de cap.

Le FMI a également réitéré ses critiques contre l’excédent des comptes courants allemands (solde des échanges commerciaux et financiers). En 2016, ce surplus « était le plus élevé au monde en dollars », a-t-il rappelé.

Wolfgang Schäuble a reconnu dans un entretien à l’hebdomadaire Der Spiegel ce week-end que le niveau de l’excédent était « trop élevé », mais lié à l’euro faible, lui-même consécutif à la politique de la BCE.