LA LISTE DE NOS ENVIES

Au menu cette semaine : American Playboy : The Hugh Hefner Story, qui retrace la vie du sulfureux fondateur du magazine Playboy, I Love Dick, regard féminin sur l’obsession sexuelle et Squadra Criminale, une enquête policière qui nous plonge dans les quartiers de Turin et les réalités sociales de l’Italie.

Hugh Hefner, scandaleusement engagé

American Playboy | Trailer Oficial

Après être devenus fréquents au cinéma, les sujets biographiques, ou « biopics », s’imposent désormais dans le cadre de la série télévisée.

Peu après les extraordinaires premières saisons de American Crime Story et Feud, respectivement consacrées au procès du sportif O.J. Simpson et à la querelle légendaire des vedettes d’Hollywood Bette Davis et Joan Crawford, voici, présentée par le service de vidéo à la demande par abonnement d’Amazon, American Playboy : The Hugh Hefner Story, qui retrace la vie pimentée du fondateur du magazine Playboy.

Une vie pimentée et peuplée de créatures généreusement bustées que le playboy couchait sur les pages de papier glacé de son périodique et, le plus souvent, dans son lit. Mais Hugh Hefner, ne fut pas que cela, ce que rappelle cette série : il fut à l’avant-garde de la libération des mœurs, un militant combattant la censure morale, un philanthrope engagé à gauche. De surcroît, il ouvrit ses clubs privés aux Noirs – objet de scandale à l’époque presque plus grand que la nudité affichée dans son magazine.

Si Feud recréait de fausses images d’archives, American Playboy mélange images d’archives, entretiens anciens ou récents ainsi que des scènes tournées par des comédiens. De sorte qu’on a affaire à une sorte de documentaire dramatique – « docudrama » – développé et découpé en dix épisodes de quelque 40 minutes. Renaud Machart

« American Playboy : The Hugh Hefner Story », série créée et réalisée par Richard Lopez par Richard Lopez. Avec Hugh Hefner, Matt Whelan (Etats-Unis, 2017, 10 x 36-48 minutes). Sur Amazon Prime Video

Du désir au féminin

I Love Dick (Season 1) - Trailer (2017) | Amazon

Chris, réalisatrice new-yorkaise de films conceptuels, accompagne son mari jusque dans un trou perdu du Texas, où, en résidence au milieu d’autres universi­taires, il pourra poursuivre ses travaux de recherche en toute tranquillité.

Or un seul regard suffit, lors de la rencontre de bienvenue des nouveaux résidents, pour que Chris entre dans une forme de fascination, d’obsession pour Dick, moitié artiste-gourou, moitié cow-boy-étalon – « Dick » est à la fois le diminutif de son prénom, Richard, et un terme vulgaire signifiant « bite », voire « connard ».

Pour une fois, c’est une femme, Jill Soloway – créatrice de Transparent –, militante du « female gaze », ce « regard féminin » d’un sujet porté sur soi et le monde, qui raconte cette obsession sexuelle, à l’opposé de tous ces films où les femmes ne sont filmées qu’en tant qu’objets d’un désir masculin. Mais on avouera que les trois épisodes que nous avons pu voir ont plus sollicité notre réflexion que nos émotions… Martine Delahaye

« I Love Dick », saison 1, série créée par Sarah Gubbins et Jill Soloway. Avec Kathryn Hahn, Kevin Bacon (Etats-Unis, 2017, 10 × 30 minutes). Sur Amazon Prime Video

Un polar nordique à la sauce turinoise

Squadra criminale (1/12) - bande-annonce - ARTE

Dès les années 1980, La Piovra, très longue série sur la Mafia, était un rendez-vous incontournable pour les téléspectateurs de la Péninsule. Puis, il y eut Romanzo criminale, de Michele Placido, gros succès au cinéma et à la télévision, et la fabuleuse série Gomorra, créée par l’écrivain Roberto Saviano sous la direction de Stefano Sollima.

Avec Squadra criminale, Claudio Corbucci, le créateur de la série pour la RAI 3, nous entraîne dans les quartiers de Turin où enquête Valeria Ferro, la capitaine de la brigade criminelle de la capitale du Piémont.

Construite chaque fois sur deux épisodes, la série (qui en compte douze) est aussi une intéressante plongée dans les réalités sociales de l’Italie contemporaine, mise à mal ces dernières années par la politique de Silvio Berlusconi, homme de médias sans vergogne qui a dirigé le pays comme une entreprise.

Très proche des séries nordiques, Squadra criminale peut parfois manquer de subtilité, mais elle reste quand même dans la verve des séries politiques « à l’italienne » que l’on apprécie. Daniel Psenny

« Squadra criminale », série créée par Claudio Corbucci. Avec Miriam Leone, Matteo Martari, Monica Guerritore (Italie, 2015, 6 × 53 minutes). Sur Arte, les jeudis 18 (épisodes 3 et 4) et 25 mai (épisodes 5 et 6) à 20 h 55. En replay sur Arte.tv. En coffret DVD le 17 mai.