L’ancien membre d’Action directe Jean-Marc Rouillan a été condamné mardi 16 mai en appel à dix-huit mois de prison, dont dix mois assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve pour apologie du terrorisme, une peine plus lourde qu’en première instance.

Cette condamnation ne signifie toutefois pas automatiquement un retour derrière les barreaux pour Jean-Marc Rouillan, absent lors de la lecture de la décision, et qui se trouve en liberté conditionnelle. La peine ferme est, en effet, aménageable.

Il avait été condamné en septembre 2016 en première instance à huit mois de prison, pour avoir qualifié – en février 2016 lors de l’enregistrement d’une émission de radio – de « très courageux » les djihadistes qui ont frappé la France en janvier et novembre 2015.

« Ils se sont battus courageusement : ils se battent dans les rues de Paris » alors qu’ils « savent qu’il y a 2 000 ou 3 000 flics autour d’eux », avait-il lancé, tout en se disant hostile à l’idéologie « réactionnaire » des djihadistes.

Condamné pour des assassinats

Si la peine prononcée en appel est plus lourde qu’en première instance, la cour n’a pas été aussi loin que le souhaitait l’accusation, qui avait requis deux ans de prison, dont un an assorti d’un sursis avec mise à l’épreuve.

Les magistrats ont toutefois assorti en appel le sursis avec mise à l’épreuve de conditions strictes, en particulier une interdiction pour l’ancien membre d’Action directe de commenter l’affaire en public. Ils lui demandent également de verser 1 000 euros à l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT), partie civile.

Condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité, pour les assassinats de l’ingénieur général de l’armement René Audran (1985) et du PDG de Renault Georges Besse (1986), Jean-Marc Rouillan est le dernier membre du noyau dur d’Action directe – groupe armé d’extrême gauche à l’origine de plusieurs attentats dans les années 1980 – à avoir recouvré la liberté.

Guillaume Denoix de Saint Marc, président de l’AFVT, a salué mardi la décision de la cour d’appel, et en particulier l’interdiction faite à Jean-Marc Rouillan de s’exprimer publiquement sur les faits.

« C’est insupportable pour la famille de Georges Besse de l’entendre pérorer dans les médias. Qu’il se taise ! », a-t-il réclamé. L’avocat de l’AFVT, Antoine Casubolo Ferro, a, lui, estimé que la justice mettait ainsi fin à une « starisation » de Jean-Marc Rouillan.