Nathalie Kosciusko-Morizet à l’Elysée, le jour de la passation des pouvoirs entre François Hollande et Emmanuel Macron, 14 mai. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Faut-il « répondre à la main tendue » ou, au contraire, rester dans l’opposition ? Au lendemain de la nomination d’Edouard Philippe (Les Républicains) à Matignon, la droite se divise sur la position à adopter.

Mardi 16 mai, la députée de l’Essonne Nathalie Kosciusko-Morizet s’est expliquée sur sa décision de signer l’appel d’élus de la droite et du centre à « répondre à la main tendue » par Emmanuel Macron. Un appel à « adopter une attitude constructive » alors que « les Français nous ont dit qu’ils ont envie de nouvelles pratiques politiques », a-t-elle dit sur France Inter. Elle ajoute :

« Il ne s’agit pas d’un ralliement ni à rien ni à personne, on a un président du centre gauche qui appelle un premier ministre de centre droite, moi je voterai ce que je crois bon et utile pour le pays, nos électeurs ne nous pardonneraient pas de rester dans nos vieilles logiques, ça ne veut pas dire que nos différences s’effacent, est-ce qu’elles sont surmontables ? L’avenir le dira. »

Selon elle, la nomination d’Edouard Philippe à Matignon est « un acte politique majeur ». « Nous [Les Républicains] on est plus confortables avec un premier ministre de droite que de gauche », a-t-elle ajouté.

La droite est déjà « cassée »

Une position que partage Thierry Solère, député LR, qui a, lui aussi, signé l’appel à répondre à la « main tendue » par Macron. Invité d’Europe 1 mardi matin, M. Solère a estimé que le chef de l’Etat ne cherchait pas à casser la droite :

« C’est déjà fait, la droite française n’a pas été présente au second tour. C’est la première fois depuis 1958, la droite a raté la marche de l’élection présidentielle. »

« Je souhaite la réussite du quinquennat car je souhaite la réussite de mon parti », a-t-il insisté. « Je ne serai pas dans l’opposition à ce gouvernement (…) La seule chose qui compte, c’est que le pays avance », a-t-il ajouté, assurant qu’il voterait la confiance au gouvernement d’Edouard Philippe même si LR n’obtenait pas la majorité absolue aux législatives.

« Regardons ce que représente la nomination d’Edouard Philippe et arrêtons l’opposition systématique. Ce n’est pas l’ouverture à laquelle on est en train d’assister, c’est la recomposition qui est en train de s’organiser. »

« Une faute chronologique »

Luc Chatel, député LR de Haute-Marne, actuellement président du conseil national de son parti « conteste », lui, le choix d’Edouard Philippe. Dans un message publié sur sa page Facebook, il s’adresse directement au premier ministre : « Edouard, tu commets à mon sens une double faute d’analyse », écrit M. Chatel, ex-porte-parole de François Fillon, évoquant d’abord « une faute politique ». « Nous avons aujourd’hui 577 candidats en campagne qui sont les porte-drapeaux de ces mêmes valeurs. Comme nouveau chef de la majorité présidentielle tu vas forcément les renier puisque tu vas soutenir leurs concurrents aux législatives, les candidats République en marche », poursuit M. Chatel qui ne briguera pas lui-même un nouveau mandat de député.

Il estime aussi qu’Edouard Philippe commet « une faute chronologique » car « c’est aux Français de décider les 11 et 18 juin de la ligne politique du gouvernement Macron ». « La constitution du nouveau pôle que tu appelles de tes vœux avec le président de la République ne peut qu’être la conséquence du choix des Français aux législatives et non le préalable », insiste-t-il, affirmant que « respecter le processus démocratique ce n’est pas enjamber les élections législatives ».

« Après les législatives », c’est aussi à ce moment-là que François Baroin envisageait de discuter avec Emmanuel Macron. Celui que les membres du parti Les Républicains ont chargé de conduire la campagne pour les législatives a fustigé, mardi sur BFM-TV, le « choix d’Edouard Philippe ».

« Lorsque les Français se seront exprimés, on regardera qui a la majorité. S’il y a une majorité relative, on se mettra autour de la table (…) Cela dépend de l’intensité de la campagne, la recomposition se fera, mais répondre à cette question aujourd’hui n’a pas de sens. Cela se fera projet contre projet. Aujourd’hui, ce que propose Emmanuel Macron ce n’est pas une recomposition politique, c’est du dynamitage. »

L’élément central dans les différences entre Les Républicains et le président de la République répété par M. Baroin est le suivant :

« Nous portons la baisse de l’impôt, Macron propose augmentation de la CSG. »

Désaccords de programme

Invité de France 2 ce matin, Bernard Accoyer, le secrétaire général du parti Les Républicains a également souligné les désaccords de programmes :

« Notre famille politique a un programme qui est complètement différent de celui que M. Macron veut mettre en œuvre. »

Pour Bernard Accoyer, en entrant au gouvernement, « Edouard Philippe (…) s’est mis en dehors de notre famille politique, il l’a quittée lui-même. » M. Accoyer a précisé que la question du sort qui sera réservé aux éventuels membres du parti qui rejoindraient le gouvernement sera débattue lors du bureau politique du parti cet après-midi.