Le robot Pepper dans un hôpital de Liège, en Belgique. AFP PHOTO / JOHN THYS | JOHN THYS / AFP

Dans quelle mesure le numérique va-t-il modifier le monde du travail ? Quels types de métiers ne seront pas supprimés par la révolution numérique ? Ces questions étaient au coeur des conférences interactives « Trouver ma place dans un monde de robots », organisées lors des éditions 2017 de notre événement O21 / s’orienter au 21e siècle. Voici quelques extraits de la conférence lilloise du 6 janvier, qui a réuni des fondateurs de start-ups, la PDG de La Redoute et le président de l’université Lille 2.

Xavier Gendron, cofondateur et CEO de BeWe : « Comme dans toute révolution industrielle, des métiers disparaissent et d’autres apparaissent, mais surtout les métiers se transforment. Tous les métiers sont influencés par le numérique. La robotisation ne signifie pas toujours la destruction d’emplois. Elle force à ne plus penser en termes de métier, de tâches, mais de compétences ».

Xavier Vandendriessche, Président de l’université Droit et Santé de Lille : « Oui, le numérique touche tous les secteurs. Mais il ne faut pas être alarmiste : par exemple, le développement de robots avocats ne remplacera jamais l’empathie du rapport humain. Ces outils-là facilitent le travail des professionnels ».

« Il faut que l’université conserve l’urgence d’apprendre l’esprit critique et la distance ».

Charles Christory, fondateur et CEO d’Adictiz, pense que les avancées technologiques et la robotisation permettront de réduire les tâches « aliénantes » et « ennuyantes », laissant plus de temps au travailleur pour se concentrer sur des activités créatives. Voici un extrait vidéo de son intervention :

O21. "La technologie permet de se reconcentrer sur les tâches qu'on aime"
Durée : 02:13

Nathalie Balla, PDG de la La Redoute : « Chez nous, le métier le plus influencé par la technologie est la logistique. L’automatisation des entrepôts a changé la relation de l’homme à son travail. Aujourd’hui, la machine apporte la marchandise au collaborateur alors qu’avant l’homme apportait la marchandise à l’homme. Le travail est donc moins usant et plus agréable.

Sur la partie marketing, avant, les équipes préparaient le catalogue de La Redoute avec un mailing papier. Avec l’arrivée d’Internet, il a disparu, on utilise les emails et les réseaux sociaux, ce qui a fait apparaître de nouveaux métiers, comme celui du community manager. Nous avons aussi recours à l’intelligence artificielle pour personnaliser la relation client. Les algorithmes permettent de répondre à des besoins clients individuellement, ils nécessitent des data scientists. De nouvelles compétences entrent dans l’entreprise (...) Ainsi, après une période de réduction des effectifs nous embauchons de nouveau, et nous recrutons également des étudiants en alternance. »

Sabri Heddadji, confondateur de Dividom.com : « On a tendance à sous estimer l’évolution sur le long terme. La plupart des jobs vont être remplacés par des robots. On aura peut être le revenu minimum d’ici la. Quand j’étais jeune, ce qui était important, c’était d’avoir l’information. Aujourd’hui c’est de trouver le bon chemin vers l’information. Restez curieux ! »

Yassin Korchi, président de Way Konnect, spécialisée dans la voiture connectée : « J’ai toujours voulu être entrepreneur. Si on a été élue meilleure start-up l’année dernière, c’est parce qu’on a eu envie. Tous les jours on améliore notre produit, parce qu’on va plus vite et qu’on a de nouveaux outils, mais il y a toujours un cerveau humain derrière. »

Marc-Antoine Navrez, CEO de Tymate : « Il faut prendre le digital comme un outil au service de l’homme, qui le libère des tâches mentales et physiques répétitives. Le digital crée des cols blancs augmentés, il ne les remplace pas. (...) Il n’y aura pas de chômage car la notion de travail va évoluer. On ne recrute pas seulement des ingénieurs mais des experts passionnés. On recherche aussi des “doers” capables de coordonner, de fédérer. Ne pas avoir peur de tout ça, c’est compliqué ; mais il faut y aller avec l’envie de changer le monde. »

Yvonne Delevoye, professeur de psychologie à l’université de Lille : « Quelqu’un qui veut devenir psychologue clinicien va acquérir des compétences numériques pour maîtriser les outils de questionnaires. Il ne faut pas avoir peur. Ces nouvelles technologies nous apporterons des outils. (...) Mais la décision reste de notre responsabilité humaine ».