Le premier ministre irlandais, Enda Kenny, lors d’un déplacement à Montréal, au Canada, le 4 mai. | Paul Chiasson / AP

Le premier ministre irlandais, Enda Kenny, a annoncé mercredi 17 mai qu’il allait démissionner à minuit de la tête de son parti le Fine Gael. Il restera cependant premier ministre jusqu’à l’élection de son successeur, qui devrait intervenir d’ici au 2 juin.

Leader du parti centre-droit depuis quinze ans, il a été élu premier ministre en 2011. A 66 ans, M. Kenny est un vieux routier de la politique irlandaise qui a remis l’économie de son pays sur les rails avec un programme d’austérité draconien. Affable, rustique et rusé, il a souvent été décrit comme un gérant plutôt qu’un chef charismatique, mais ces qualités l’ont servi pour arriver à jongler avec les exigences des dirigeants de l’Union européenne.

Quelques mois avant son arrivée au pouvoir en 2011, l’Irlande, membre de la zone euro, criblée de dettes à la suite de la crise financière de 2008, est forcée de demander l’aide de la communauté internationale. Son premier mandat avait été dominé par les difficultés économiques mais après plusieurs années d’un sévère régime d’austérité, Dublin a repris le contrôle de ses finances et le chômage a considérablement diminué, même si le pays n’a pas complètement retrouvé son lustre de « Tigre celtique ».

Départ précipité

Enda Kenny avait été réélu en mai 2016 après plus de deux mois de blocage. Mais, sans majorité politique au parlement, le leader du Fine Gael n’aura tenu cette fois-ci qu’une année à la tête du fragile gouvernement irlandais.

Il n’avait en effet réussi à se faire réélire, après quatre votes du Parlement, que grâce au soutien des députés indépendants, et après un accord avec le Fianna Fail, principale formation d’opposition, pour qu’il ne s’oppose pas à la constitution d’un gouvernement minoritaire. En échange, le Fianna Fail avait obtenu une hausse des dépenses publiques et la suspension de redevances sur l’eau qui avait valu des manifestations monstres dans les rues de Dublin.

Il avait toujours dit qu’il ne se représenterait pas à la tête de son parti pour être premier ministre une troisième fois, mais son départ a été précipité par les nombreuses critiques qui ont marqué sa gestion d’un scandale au sein de la police. Son gouvernement a été accusé d’avoir laissé ses services ruiner la réputation d’un policier, lanceur d’alerte, accusé à tort il y a plusieurs années d’agressions sexuelles sur des enfants.

Pour l’heure, deux candidats ont fait connaître leur intérêt pour prendre la tête du Fine Gael et devenir, de facto, le nouveau premier ministre du pays. Leo Varadkar, 38 ans, le fils d’un immigré indien et d’une Irlandaise, fait figure d’outsider: il est le premier ministre irlandais à avoir affiché ouvertement son homosexualité en l’annonçant lors d’une interview radio en 2015. Ce médecin, élu député en 2007 avant d’occuper plusieurs postes de ministre, a fait campagne en faveur du mariage entre personnes de même sexe et d’un assouplissement des lois sur l’avortement.

Son rival, Simon Coveney, 44 ans, a un profil plus traditionnel. Actuel ministre du logement, il a été élu pour la première fois au Parlement en 1998 après la mort de son père qui occupait ce siège avant lui dans la circonscription de Cork South-Central.