Documentaire sur France 5 à 20 h 50

La Joconde, de Léonard de Vinci (1452-1519), exposée au Musée du Louvre, à Paris, est sans doute le tableau le plus célèbre au monde. Mais ce que l’on sait moins du Toscan, génie de la Renaissance italienne, « homme de science », écrit Giorgio Vasari (1511-1574) dans sa Vie des artistes, c’est son côté touche-à-tout, à l’insatiable curiosité, auteur d’innombrables inventions et machines inédites en tous genres.

François Ier qui l’accueillait chez lui à Amboise, en 1516, et où il rendra son dernier souffle, l’affirme : « Aucun autre homme ne vint au monde qui en sût autant que ­Léonard, non seulement en peinture, en sculpture, en architecture mais également en philosophie… » Il faudrait ajouter en anatomie, mécanique, urbanisme, géologie, météorologie, géométrie, arts de la guerre, etc. Ses six mille feuilles de dessins, croquis, notes, dispersés après la mort d’un de ses élèves, Francesco Melzi, son légataire, ne réapparaîtront que trois siècles plus tard. Le documentaire en costumes d’époque de Mark Daniels met en scène l’atelier, ou bodega, d’Andrea di Michele di Cione, dit « Verrocchio », dans la Florence du Quattrocento où le jeune apprenti fait ses classes. On suit dès l’adolescence les progrès et les initiatives du prodige plongé dans ce monde artistique florentin bouillonnant. Comme l’on découvre l’activité tous azimuts des artistes de la Renaissance qui, alors, travaillaient en équipe avec d’innombrables petites mains, comme le font, aujourd’hui, les Damien Hirst ou Jeff Koons.

Planche représentant l’anatomie d’un corps | © GA&A / PROGRAM33

Né à Vinci, bourg des alentours de Florence, enfant naturel du ­notaire Pietro da Vinci, le jeune Léonard apprend par lui-même dès sa plus tendre enfance – il ne saura lire ni le latin ni le grec – et prend l’habitude d’écrire à l’envers, de la droite vers la gauche ; ses notes se lisent à l’aide d’un ­miroir. A 12 ans, il est placé par son père dans l’atelier de Verrocchio, lui-même peintre, sculpteur, restaurateur, décorateur, ensemblier, orfèvre, graveur, expert en métal, conseiller en ingénierie et ar­chitecture. L’une de ses premières ­tâches sera d’aider à concevoir la pose de la boule de cuivre de deux tonnes de la lanterne du dôme de Santa Maria del Fiore, à Florence. Chez Verrocchio, tout se faisait en commun, maître et élèves, ce qui permettra à Léonard d’acquérir un savoir-faire encyclopédique qu’il enrichira sans fin d’observations et d’expériences, prenant souvent pour modèle la nature elle-même, le vol d’un oiseau, la course des nuages, les mouvements de l’eau, la cavalcade du cheval. Mais aussi en s’inspirant des travaux des anciens, en Grèce comme en Chine, et de ses contemporains, ce que démontre le documentaire, preuves à l’appui.

Le premier vélo

Ainsi Léonard reprend pour les perfectionner les travaux de ­l’ingénieur siennois Mariano di ­Jacopo, dit « Taccola » (1382-1453), l’efficacité d’un parachute, la pompe à vis, etc. Il va jusqu’à réaliser une maquette de L’Homme ­volant, ancêtre de l’avion, comme il imagine la future automobile ou encore le premier vélo et un pont tournant. Quelques-unes de ces « machines » ont été reconstruites grandeur nature dans le parc du Clos Lucé, le manoir mis à sa disposition par François Ier, à 800 mètres du château d’Amboise, accessible par un passage secret permettant au roi de le visiter chaque jour, et transformé en musée.

A la mise en scène historique – dont le parti pris pourrait être plus ambitieux – s’ajoutent les images de synthèse qui témoignent de l’énergie inventive de Léonard de Vinci, homme de science, inégalé dans la diversité et la qualité de son œuvre.

Léonard de Vinci, accélérateur de science, de Mark Daniels (Fr.-It., 2017, 50 min).