Vingt ans après son introduction en Bourse, le 15 mai 1997, Amazon a fait taire les sceptiques. Depuis deux ans, son action bat record sur record. Elle se rapproche de la barre symbolique des 1 000 dollars (898 euros). Et fait du géant du commerce en ligne la quatrième entreprise en termes de capitalisation boursière – seulement devancée par Apple, Alphabet (la maison mère de Google) et Microsoft.

Le groupe de Seattle (Washington) a largement distancé Walmart, qu’il avait dépassé en juillet 2015. A 455 milliards de dollars, il vaut désormais en Bourse deux fois plus que le numéro un mondial de la distribution. Et davantage que l’ensemble des grands distributeurs américains réunis. Quant à Barnes & Noble, la grande chaîne américaine de librairies et premier rival historique d’Amazon, sa capitalisation boursière est… 865 fois plus faible.

Le titre a été lancé à 18 dollars, ou plutôt à 1,50 dollar en tenant compte des différentes scissions d’actions, et s’échange désormais à près de 950 dollars. Autrement dit : un investissement initial de 1 000 dollars représente aujourd’hui près de 650 000 dollars. Selon le cabinet Dealogic, aucune autre société cotée n’a connu une telle progression sur les vingt dernières années.

Beaucoup n’y ont pas cru

Ce succès boursier, c’est avant tout celui de Jeff Bezos. Le fondateur et patron d’Amazon n’a jamais cédé aux pressions de Wall Street. Face aux investisseurs qui lui réclament des profits, il a maintenu le cap, continuant d’investir pour étendre ses horizons. Il a aussi été le premier à miser sur le cloud computing (l’informatique dématérialisée), devenu, depuis, une véritable poule aux œufs d’or.

Beaucoup n’y ont pas cru. Devant les pertes qui s’accumulaient, l’action Amazon a régulièrement décroché. « J’ai été trop stupide pour saisir ce qui était en train de se passer, reconnaissait, début mai, l’investisseur Warren Buffet, qui vient de perdre sa place de deuxième fortune mondiale au profit de M. Bezos. Je ne pensais pas qu’il réussirait à une telle échelle. »

En 2016, Amazon a réalisé un chiffre d’affaires de 138 milliards de dollars, soit neuf fois plus qu’il y a dix ans. Selon ­Euromonitor, la société a capté un tiers du commerce en ligne aux Etats-Unis. Certains analystes estiment que sa part de marché devrait dépasser les 50 % d’ici cinq ans. De quoi, prédisent-ils, porter sa valorisation à plus de 1 000 milliards de dollars.