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Depuis ses débuts, en 2001, le festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés, organisé par l’association L’Esprit jazz, s’installe pour certains concerts dans des lieux du quartier parisien et ses environs qui renvoient à son histoire patrimoniale, culturelle et universitaire. Le Musée de Cluny, les églises Saint-Germain-des-Prés et Saint-Sulpice, la Maison des océans, les amphithéâtres des universités Paris-Sorbonne et Panthéon-Assas, sont notamment utilisés pour la 17e édition du festival, qui a débuté jeudi 11 mai et devrait se terminer lundi 22.

Mercredi 17 mai, c’est au Grand Amphithéâtre de Panthéon-Assas qu’était proposé un double concert avec le trio du pianiste Joran Cariou puis le quintette mené par le saxophoniste Stefano di Battista et le trompettiste Flavio Boltro, avec en invitée la chanteuse Robin McKelle. La capacité d’accueil annoncée de la salle permet de recevoir jusqu’à 1 700 étudiants. Qui dans le cadre d’un cours magistral parviennent probablement à entendre le, la ou les, orateurs. Mais qui, pour la musique, n’aura pas prouvé de grandes qualités acoustiques lors de cette soirée.

Effet d’écho

De bout en bout, sauf lors des passages les plus retenus, et encore, le son des deux formations aura été gâché par un effet d’écho prononcé et le brouillage des timbres des divers instruments. Contrebasses et graves du piano se confondent, le registre medium se révèle souvent indistinct et ce n’est que lors des montées les plus hautes de la trompette et du saxophone que surgit un semblant de clarté. Difficile dès lors d’apprécier le propos artistique.

Du trio de Joran Cariou on perçoit tout de même une belle attention au lyrisme mélodique (par exemple dans la composition Hint of Casualness), une approche originale du batteur Stéphane Adsuar, dans le rapport entre caisse claire et tom bas, avec une attaque percussive, l’appui du contrebassiste Damien Varaillon. Le trio a été lauréat en 2016 du Tremplin jeunes talents qu’organise le festival. Un premier album devrait être publié d’ici la fin de l’année.

Frères de jazz

Passé un long entracte, c’est au tour du quintette de di Battista et Boltro d’arriver sur le large plateau qui sert de scène. Ils sont amis, frères de jazz, depuis le début des années 1990. Période où ils ont été adoptés par le public français qui s’enthousiasme pour leur complicité lors de leurs venues au Festival de jazz de Calvi et dans les clubs parisiens de la rue des Lombards. A partir de 1997, ils co-dirigent un quintette tout dédié au jazz des années 1950 et 1960 avant que chacun ne mène sa propre formation. Avec de temps à autre des retrouvailles.

Comme pour cette soirée où ils sont avec le pianiste Fred Nardin, le contrebassiste Rosario Bonaccorso et le batteur André Ceccarelli. Complices ils le sont, aimant se lancer des défis musicaux, ravis de ce que l’un et l’autre proposent pour mieux rebondir. D’emblée, la barre est haut placée avec A Night in Tunisia. Tempo tenu, parties solistes inventives, dans l’ordre di Battista, Boltro, Nardin et Bonaccorso. On parvient à faire abstraction du son de la salle avec l’apaisement de la belle ballade Salina, composée par Boltro.

Après six thèmes, Robin McKelle rejoint la formation. Improvisatrice de talent, formée autant par le jazz que la soul, elle va plus particulièrement enchanter à deux reprises. Dans une interprétation de My Favorite Things, qu’elle traite plutôt dans la manière emportée de John Coltrane que dans celles plus académiques qui dominent dans les différentes versions de la comédie musicale La Mélodie du bonheur. Et juste après par ses virevoltes et envols avec le standard You Don’t Know What Love Is, qui repose sur la citation rythmico-mélodique reggae de Master Blaster de Stevie Wonder.

Jazz à Saint-Germain-des-Prés, jusqu’au lundi 22 mai, dans une vingtaine de lieux parisiens.