Français et Britanniques vont laver leur linge sale en public. Après des semaines de discussions tendues, restées confidentielles, le groupe français de blanchisserie Elis a choisi, jeudi 18 mai, de porter sur la place publique son différend avec son rival britannique Berendsen. En deux mots : Elis veut acheter Berendsen, mais ce dernier refuse. Pour avancer malgré tout, le groupe français de 25 000 personnes a dévoilé une offre publique d’achat (OPA) en bonne et due forme. Elle valorise la société cotée à Londres à 2,05 milliards de livres, soit 2,4 milliards d’euros.

Thierry Morin et Xavier Martiré, les dirigeants d’Elis, voient dans cette opération l’occasion de pratiquement doubler de taille. Elis, qui a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 1,7 milliard d’euros en 2016, afficherait après la fusion un volume d’activité de quelque 3 milliards d’euros. Le nouvel ensemble compterait plus de 440 sites et serait présent dans 28 pays. « Il serait idéalement positionné pour générer de la croissance organique et procéder à de nouvelles acquisitions ciblées », explique Elis.

Décidé à « créer un leader paneuropéen de la location-entretien d’articles textiles et d’hygiène », Elis avait commencé par une approche présentée comme amicale. Le groupe français, entré en bourse en 2015, avait soumis, le 28 avril, une première proposition d’achat confidentielle à son concurrent britannique. Elle valorisait chaque action Berendsen à 11 livres, soit environ 31 % de plus que le cours de la société à cette date.

Elis refait ses calculs

Malgré cette prime déjà assez généreuse, le conseil rejette l’offre le 12 mai et refuse d’engager des discussions avec Elis.

Le groupe français refait alors ses calculs et présente à Berendsen, dès le 16 mai, une offre améliorée. Cette fois, elle valorise l’entreprise britannique à 11,75 livres par action, soit une prime portée à environ 41 %. Nouvel échec. En moins de 24 heures, le conseil d’administration de Berendsen rejette la nouvelle offre.

En conséquence, Elis choisit rapidement de passer en force et de rendre publique son OPA afin que les actionnaires de Berendsen puissent avoir leur mot à dire. Jeudi, ils ont immédiatement réagi. Le titre Berendsen a bondi de 26 % à l’ouverture de la bourse de Londres. De quoi mettre une pression forte sur les dirigeants de Berendsen, qui vont devoir expliquer pourquoi ils ont rejeté de telles propositions, et refusé de discuter.

Laisser les actionnaires trancher

« Elis souhaite avancer rapidement et de manière coopérative en vue d’engager des discussions », assure la direction du groupe français. Mais si aucun accord ne peut être trouvé, Elis pourra lancer formellement son OPA hostile, et laisser les actionnaires britanniques trancher.

L’action Elis, elle, a bien résisté à l’annonce de cette opération, qui reste aléatoire et coûteuse. Jeudi, le titre reculait de moins de 3 %. Le groupe français, dont le premier actionnaire est le fonds Eurazeo (17 %), reste ainsi valorisé à plus de 2,7 milliards d’euros.