Sacrée une première fois en novembre 2016 sous l’égide de l’IBF (International Boxing Federation, l’une des quatre fédérations internationales de boxe avec la WBA, le WBC et la WBO), Maïva Hamadouche n’est que la troisième Française à avoir décroché le Graal, après Myriam Lamare et Anne-Sophie Mathis. Après avoir conservé sa ceinture, en janvier, en battant la Bulgare Milena Koleva, la Clichoise de 27 ans – qui cumule les métiers de policière et de boxeuse professionnelle – la remet en jeu face à l’Argentine Anahi Esther Sanchez jeudi 18 mai, à partir de 17 heures.

Votre dernier championnat du monde date de moins de quatre mois. Pourquoi remontez-vous si vite sur le ring ?

Maïva Hamadouche : Parce que je suis une fille pressée ! Je suis assoiffée de challenges et de nouveaux titres. Je veux vraiment marquer l’histoire de la boxe. J’ai 27 ans, c’est maintenant que ça se joue. Je n’ai pas de temps à perdre. Si je peux disputer vingt championnats du monde au cours de ma carrière, je le ferai. Mohamed Ali et d’autres grands boxeurs l’ont bien fait avant moi. Je le fais aussi pour mon entraîneur, Sot Mezaache, qui prendra bientôt sa retraite. Je veux faire le plus de choses possible avec lui. Quand il n’est pas dans mon coin, j’ai l’impression qu’il me manque un bras.

Maïva Hamadouche (à droite) lors du Championnat du monde IBF féminin des poids plumes qui l’a opposée à la Bulgare Milena Koleva, le 21 janvier 2017. | DANIEL PERES

Comment appréhendez-vous votre prochain combat ?

Anahi Esther Sanchez est ma challengeuse officielle. Ce combat va donc asseoir ma crédibilité, c’est une bonne chose. Ça va être un gros match mais, honnêtement, je suis plutôt sereine. Sanchez boxe principalement à mi-distance et n’hésite pas à venir au contact. Je préfère ça qu’une fille fuyante. Il faudra que je sois très vigilante pour ne pas prendre de coup de tête. Je pense aussi être plus rapide et plus explosive qu’elle. Je ne vais pas changer ma boxe : je vais attaquer très fort dès le premier round, c’est ma marque de fabrique, puis travailler beaucoup en uppercuts et au corps.

Je suis toujours archi-prête… mais j’ai systématiquement un pépin de santé de dernière minute : une entorse, un rhume ou une petite infection. Mon surnom c’est « El Veneno » [« le venin », en espagnol], mais ça pourrait très bien être « Le chat noir » ! Au final, je m’en sors toujours bien, donc je reste assez confiante.

Vous êtes boxeuse professionnelle et policière à Paris. Comment gérez-vous vos deux métiers à l’approche d’un combat ?

J’ai demandé une douzaine de jours de disponibilité pour ma préparation physique, ce qui a été accepté sans problème. En temps normal, je m’entraîne le matin et je prends mon service de 14 h 30 à 22 h 30. Je suis membre de la CSI de Paris [compagnie de sécurisation et d’intervention]. Du coup, je suis tout le temps sur le terrain. Mes collègues et ma hiérarchie sont derrière moi et font tout pour me préserver. Pendant une manifestation, par exemple, je ne suis jamais placée en première ligne. Je ne suis pas une tête brûlée, mais lorsque je suis en service, je ne pense pas aux risques. C’est pour cela que je ne suis jamais à l’abri d’une blessure.

Maïva Hamadouche (à gauche) lors du Championnat du monde IBF féminin des poids plumes qui l’a opposée à la Bulgare Milena Koleva, le 21 janvier 2017. | DANIEL PERES

Vous êtes championne du monde depuis novembre dernier. En quoi ce titre a-t-il changé votre approche de la boxe ?

J’ai gagné en sérénité. Devenir championne du monde me hantait, je m’entraînais plus par frustration qu’autre chose. Aujourd’hui, j’éprouve le sentiment du devoir accompli. Mon objectif est atteint, je suis très fière de mon ascension sportive et professionnelle. Je considère aussi mon parcours comme une réussite sociale. Je viens d’un milieu modeste et j’étais une adolescente difficile à gérer. Mon premier coach m’a pris sous son aile quand j’avais 14 ans. Il m’a littéralement éduquée à travers la boxe. La petite Maïva Hamadouche a fait du chemin… Depuis que je suis championne du monde, je me mets beaucoup moins la pression. Je boxe pour me faire plaisir et pour faire plaisir au public. La boxe a besoin de beaux combats pour valoriser ce sport si noble et si beau.

Qu’attendez-vous de votre prochain combat ?

Quand je monte sur un ring, c’est pour écraser mon adversaire. J’ai gagné quinze combats, dont douze par K.O. technique [sur décision de l’arbitre quand un des boxeurs est blessé et incapable de continuer le combat]. Ce que je veux maintenant, c’est mettre de vrais K.O., faire tomber les filles en face de moi. Avec le temps, je gagne en efficacité et en précision. Ça arrivera.

Si vous gagnez jeudi soir contre Anahi Esther Sanchez, quels seront vos projets d’ici à la fin de l’année ?

Si tout se passe bien jeudi, je tenterai une première réunification de titres en octobre ou en novembre. Actuellement, la ceinture WBA est détenue par une Coréenne, la WBO par une Allemande et la WBC par une Finlandaise. D’un point de vue géographique, la WBA est la moins accessible ; ça demanderait une plus grosse organisation logistique. On verra bien à quoi aboutissent les négociations. S’il le faut, j’irai chercher le titre en Corée du Sud, ça ne me fait pas peur. Pour m’arrêter, il va vraiment falloir frapper fort !