Sur le pont du paquebot « Harmony of the seas », en constrution sur les chantiers de Saint-Nazaire, le 18 février 2016. | JEAN-SÉBASTIEN ÉVRARD / AFP

Cette fois, c’est fait : Fincantieri, le groupe italien qui domine la construction de paquebots en Europe, a annoncé, vendredi 19 mai, avoir pris le contrôle des chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Comme prévu, l’industriel de Trieste a acquis les 67 % du capital de STX France, la société propriétaire des chantiers français mis en vente par la justice de Séoul à la suite de la faillite du conglomérat sud-coréen STX. L’opération a été conclue pour 79,5 millions d’euros, ce qui les valorise à 119 millions d’euros pour 100 % des parts.

Cette transaction était attendue depuis le 3 janvier, lorsque le tribunal de commerce du district central de Séoul avait désigné Fincantieri comme candidat privilégié pour reprendre les chantiers navals de Saint-Nazaire, qui emploient environ 2 600 salariés. Le groupe italien était le seul candidat à avoir déposé une offre d’achat.

La vente des 67 % de STX France ne constitue cependant que la première étape d’un processus encore loin d’être bouclé. L’Etat français, propriétaire des 33 % restants, a désormais deux mois pour faire jouer ou non le droit de préemption dont il dispose. Certains responsables politiques et syndicaux, notamment ceux de Force ouvrière (FO), poussent le gouvernement à utiliser ce droit et à nationaliser, au moins provisoirement, les chantiers de Saint-Nazaire, afin qu’ils ne passent pas sous la coupe de leur grand concurrent.

Le gouvernement de Manuel Valls, lui, avait retenu une autre option. Le 12 avril, il avait conclu un accord de principe visant à limiter le pouvoir de Fincantieri chez STX France. Selon ce compromis, ­Fincantieri ne disposerait pas à lui seul de la majorité du capital. Il accepterait de ramener sa participation à 48 %. L’Italie aurait néanmoins le contrôle de l’entreprise française, grâce à la présence de la fondation privée CR Trieste (7 %). Le groupe public militaire français DCNS entrerait au capital à hauteur d’environ 12 %, tandis que l’Etat français conserverait ses 33 %.

Le président Emmanuel Macron et son premier ministre Edouard Philippe doivent désormais dire s’ils valident ou non ce schéma. Fincantieri, pour sa part, assure qu’il poursuit ses négociations avec l’Etat français pour finaliser l’accord « conformément aux lignes directrices du compromis du 12 avril ».