Un soldat vote à Qom, situé au sud de Téhéran, le 19 mai 2017. | Ebrahim Noroozi / AP

Les Iraniens attendaient, vendredi 19 mai, patiemment de pouvoir voter pour élire leur nouveau président et les membres des conseils municipaux. Ils ont le choix entre le modéré Hassan Rohani qui brigue un second mandat et son concurrent conservateur Ebrahim Raisi, soutenu par les gardiens de la révolution et le Guide suprême.

Faute d’isoloirs, les électeurs prennent des selfies, se consultent, échangent leurs listes et s’entraident pour remplir leurs bulletins. « Nous sommes venus tôt pour encourager les autres à venir. Nous avons pris des selfies et les avons postés sur les réseaux sociaux », témoigne Mansoureh, un universitaire de 45 ans.

A Téhéran, dont le maire est le conservateur Mohammad Bagher Ghalibaf, chaque électeur doit inscrire le nom de son candidat pour la présidentielle, mais aussi ceux des vingt et un membres du conseil municipal, ce qui prend plusieurs minutes.

Chacun doit également écrire sur son bulletin le nom du candidat, un code qui lui correspond et apposer son empreinte digitale après avoir trempé son index dans de l’encre violette, rouge ou bleue.

« Dignité et fierté »

Les files d’attente semblent beaucoup plus longues que lors des législatives de 2016 et un canal a été créé sur le réseau social Telegram, très populaire en Iran, pour aiguiller les électeurs vers les bureaux de vote les moins encombrés. Les Iraniens peuvent, en effet, voter n’importe où dans le pays ou à l’étranger.

« Nous votons Rohani en espérant que les choses ne vont pas empirer », affirme Hamed Boroujerdi, un marchand de vêtements de 40 ans venu voter avec sa femme et ses deux enfants. D’autres comme Amir Fathollahzadeh, âgé de 51 ans, votent pour la première fois.

« J’ai perdu presque tout mon business ces dernières années, mais je vote Rohani pour ne pas perdre aussi ma dignité et ma fierté », annonce-t-il. Il espère que le président sortant pourra continuer sa politique d’ouverture et obtenir la levée d’autres sanctions pesant encore contre son pays.

Dans une mosquée de la ville où les pro-Raissi sont nombreux, Ali Serkani, un étudiant de 23 ans, venu avec sa sœur et ses parents, estime que « la protection de la culture islamique et l’économie » sont prioritaires. « Malheureusement, ces dernières années, les valeurs de la révolution ont été affaiblies et nous devons les rétablir », renchérit Mahnaz Rafii, une professeur de théologie de 50 ans.

Rohani crédité à 42 %

Initialement, 1 600 personnes s’étaient inscrites à l’élection présidentielle. Mais seules six candidatures ont été approuvées. C’est au Conseil des gardiens – un corps clérical non élu de douze membres – qu’il est revenu d’analyser et de vérifier ces candidatures. Mahmoud Ahmadinejad, qui a effectué deux mandats de président, de 2005 à 2013, s’était ainsi enregistré pour concourir cette année mais a été disqualifié.

Au bout du compte, ce sont quatre candidats qui se présentent devant les électeurs et les électrices. Mais, en réalité, il n’y a que deux « vrais » candidats : le président sortant, Hassan Rohani, 68 ans, au pouvoir depuis 2013 et son principal rival Ebrahim Raisi.

L’actuel président, Hassan Rohani, avait été élu en 2013 dès le premier tour avec 50,7 % des voix. Mais un sondage effectué la semaine dernière par le Centre de sondage des étudiants iraniens, un organisme officiel, créditait M. Rohani de 42 % de voix, contre 27 % pour Ebrahim Raisi et 25 % pour Mohammad Bagher Ghalibaf. La grande inconnue du scrutin présidentiel est le taux de participation et la tenue d’un possible second tour, le 26 mai, si l’un des candidats n’obtient pas plus de 50 % des voix.