« Sympa ! » C’est l’adjectif qui revenait le plus souvent dans les tribunes de l’ePrix de Paris, 6e étape du championnat du monde de Formule E, couru samedi 20 mai autour des Invalides. Une deuxième édition qui, pour une majorité de spectateurs venus assister à la course de monoplaces à propulsion électrique, était une première.

L’ePrix de Paris et ses spectateurs ont occupé l’esplanade des Invalides samedi 20 mai à Paris. | Catherine Pacary/LeMonde.fr

En famille, entre amis, ils sont arrivés par petits groupes, plusieurs heures avant le début de la course, programmée à 16 heures. Assis sur les pelouses, sur l’esplanade, dans une ambiance « petit Woodstock », ils font une pause en découvrant sur écran géant les bolides multicolores. Sous les arbres, les attractions proposées par les organisateurs attirent les curieux - démonstration de moto électrique et de BMX ou centrifugeuse pour les adeptes de sensations fortes.Les technophiles font la visite virtuelle de voitures en réalité augmentée, tablette en main.

Visualisation d’un prototype en « réalité augmentée », dans l’eVillage sur l’esplanade des Invalides, le 20 mai. | Catherine Pacary/LeMonde.fr

Les grandes marques ont posé dans leurs stands des véhicules électriques dans lesquels il est possible de s’installer. Mention spéciale pour la Tesla blanche aux portières papillon : « Ils ont des problèmes dans les parkings, en s’ouvrant elles heurtent les autres voitures...Etonnant qu’un Elon Musk [patron de Tesla, ndlr] n’ait pas pensé à ça », commente Michaël, venu d’Alsace avec sa fille.

Renault n’a pas ce problème : son prototype s’ouvre... par le toit, qui se soulève, uniquement relié à la caisse par l’avant du capot : effet garanti. A côté, il faut attendre son tour pour pouvoir monter sur les simulateurs de conduite.

La pelouse et le village sont en accès gratuit. A l’heure des qualifications, les détenteurs de billet en tribunes, pour beaucoup non-initiés, commencent à prendre place tout au long du tracé. Arnold, Henri et Lola, assistent à leur première course de Formule E : « On savait que c’était mal organisé, mais finalement ça va », jugent-ils en référence aux grandes difficultés rencontrées par les spectateurs de la première édition, l’an passé.

Sifflement bruyant

Les 10 monoplaces s’élancent à l’heure, dans un sifflement un peu bruyant mais loin du boucan d’enfer de la Formule 1. Alexandra, la quarantaine, est une amatrice de sport automobile et notamment d’IndyCar – le championnat américain, disputé sur des ovales où tournent 33 monoplaces lancées à près de 400 km/h. Devant la Formule E, elle n’est pas euphorique mais apprécie que le bruit soit « juste assez pour que l’on ait pas besoin de mettre des bouchons [d’oreilles] ».

 « C’est intéressant de voir ces voitures électriques, reprend Arnold. Je ne pensais pas qu’elles pouvaient aller si vite, même au démarrage. »

Sur le tracé d’1,930 km des Invalides, un des plus courts du championnat de FE, les voitures n’excèdent pas 250 km/h en ligne doite, 50 km/h dans le virage où vient s’écraser le Français Jean-Eric Vergne (Techeetah) au 34è tour.

l’accident fait accourir la foule et une dépanneuse. Le pilote français, un peu groggy, sort seul de la voiture, un pneu à l’horizontale. Le choc contre la grille a été violent, les débris et les traces de pneus en arabesque sur le bitume sont spectaculaires. « Là, ça vaut le coup ! », souffle un homme à sa femme, en sortant son téléphone pour prendre un photo.

Sébastien Buemi a remporté ce deuxième ePrix de Paris. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Serait-ce là le meilleur atout de la Formule E ? Le frisson sans le risque mortel de la Formule 1, la vitesse sans la pollution de l’air ? Mehalez est un inconditionnel. Ce trentenaire brésilien est venu avec un ami à Paris, après Sao Paulo, pour suivre son compatriote Lucas Di Grassi (Audi Sport ABT), qui a heurté un muret à quatre tours de l’arrivée.

Lui connaît le nom de tous les pilotes, à commencer par le Suisse Sébastien Buemi (Renault E.dams), vainqueur samedi devant l’Argentin José Maria Lopez (DS Virgin Racing) et l’Allemand Nick Heidfeld (Mahindra).

Mais le Brésilien est en minorité. « La FE est au-dessous de la F1, estime Jeoffroy. La preuve : les noms des pilotes sont moins connus. »

Là est peut-être le prochain challenge pour Alejandro Agag, promoteur de la Formule E : au-delà de séduire le public, il doit convaincre que la Formule E est bien une compétition sportive.