Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble et le nouveau ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, le 22 mai. | TOBIAS SCHWARZ / AFP

Quand le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, avait reçu Bruno Le Maire à Berlin, le 10 janvier, ce dernier se voyait revenir quatre mois plus tard en ministre des affaires étrangères de François Fillon. Lundi 22 mai, c’est le ministre de l’économie d’Emmanuel Macron que M. Schäuble a reçu à Berlin, avant la réunion de l’Eurogroupe prévue cet après-midi à Bruxelles, où les deux hommes ont prévu de se rendre à bord du même avion.

Une semaine après la venue du nouveau président français dans la capitale allemande et sa rencontre avec la chancelière Angela Merkel, ce premier contact entre MM. Le Maire et Schäuble avait deux objectifs. Le premier était de donner de la substance à la « nouvelle impulsion » que M. Macron veut donner à la relation franco-allemande et à l’Union européenne.

Sur ce point, les deux hommes ont annoncé la constitution d’un « groupe de travail » chargé de faire des « propositions concrètes pour progresser dans l’intégration de la zone euro ». Ce groupe de travail, qui devra remettre ses conclusions avant le conseil des ministres franco-allemand prévu en juillet, travaillera sur la « convergence fiscale » (avec pour « priorité » l’impôt sur les sociétés) et la « coordination des politiques économiques », étudiera « quelles initiatives peuvent être prises en matière d’investissements », et fera des propositions pour « accélérer le chantier institutionnel », autrement dit pour avancer sur quelques idées chères à M. Macron — mais pour certaines regardées avec plus de prudence par l’Allemagne — telles que la création d’un gouvernement économique de la zone euro doté de son propre ministre des finances.

« L’Allemagne fait confiance à la France »

Mais cette rencontre avait aussi un second objectif pour M. Le Maire : rassurer les Allemands sur la politique économique du nouveau gouvernement français. Dans cet exercice de charme, le nouveau locataire de Bercy n’a pas ménagé ses efforts. Commençant son intervention en allemand (mais la poursuivant bientôt en français pour ne pas se voir « reprocher en France de parler allemand à Berlin »), donnant du « cher Wolfgang » à son homologue qu’il « connaît depuis de longues années », M. Le Maire a été très clair : « Je suis venu dire à Wolfgang que la France respectera ses engagements européens en matière de réduction des déficits. »

Comme le font toujours les dirigeants français en ce genre de circonstances — M. Macron avait dit la même chose aux côtés de Mme Merkel —, il a bien sûr précisé qu’il ne disait pas cela « pour faire plaisir à l’Europe ou à nos amis allemands mais parce que c’est bon pour la France d’avoir des comptes publics bien tenus ». Il n’empêche : le ministre de l’économie s’adressait bien aux Allemands auxquels il a tenu le discours qu’ils souhaitent entendre, en énonçant « les réformes structurelles qui seront faites » par la France pour « retrouver son esprit de conquête économique », parmi lesquelles la simplification du code du travail et le chantier des retraites.

Bien que le ministre de l’économie ait expliqué que ce message n’était pas destiné à plaire à son interlocuteur, M. Schäuble n’a pas eu besoin de plus de trois mots pour dire qu’il lui convenait tout à fait : « Deutschland vertraut Frankreich. » « L’Allemagne fait confiance à la France. »