Constant Lestienne à Bercy en 2013. | KENZO TRIBOUILLARD / AFP

L’importance d’être Constant. À 24 ans, Constant Lestienne dispute enfin aujourd’hui, sur le court numéro 16, le premier tour des qualifications à Roland-Garros, face à l’Autrichien Gerald Melzer. Certes, ce n’est que le premier tour des qualifications, mais il est particulièrement symbolique pour le joueur classé à la 253e place mondiale.

L’an passé, l’Amiénois, alors 164e mondial, s’était vu retirer in extremis son invitation aux qualifications à cause d’un pari de 2,90 euros sur la finale… du Grand Chelem français 2015 entre Novak Djokovic et Stanislas Wawrinka. Comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, il avait été en plus suspendu six mois en septembre par la Fédération internationale de tennis (ITF) à cause de plus de deux cents paris effectués entre février 2012 et juin 2015. Une peine qui a été réduite de moitié grâce à sa collaboration avec l’Unité d’intégrité du tennis.

« J’ai servi d’exemple »

À l’époque étudiant en école de management, le jeune joueur, « qui n’est pas encore pro », n’a pas conscience d’enfreindre la loi, surtout qu’il ne parie à aucun moment sur ses propres matchs. « Avec du recul, je comprends ce règlement, car ce n’est pas compliqué de ne pas parier sur le tennis quand tu es tennisman. J’ai fait une bêtise dans un moment d’inattention en soldant mon compte encore actif sur Betclic avec ce pari de 3 euros. Je trouve que la sanction a été un peu excessive. J’ai servi d’exemple pour montrer qu’il ne fallait vraiment pas le faire », explique Constant Lestienne.

Revenu de suspension en janvier, il a vu la scoumoune s’acharner, puisqu’il a été victime d’une blessure qui l’a privé des courts pendant quatre longs mois supplémentaires. « Ces derniers mois ont vraiment été durs moralement et financièrement [il a également été condamné à payer 10 000 dollars d’amende]. Je n’ai repris qu’il y a six semaines. C’est tout neuf. Je suis donc très content d’avoir la chance de jouer cette année. J’avais très envie d’y participer, encore plus par rapport à l’épisode de l’an passé », livre Constant Lestienne.

Cette année, les invitations aux qualifications et dans le tableau final ont fait polémique. À 35 ans, Paul-Henri Mathieu, qui n’a pas eu de wild card, devra passer par les qualifications pour disputer son dernier Roland. Maria Sharapova n’a même pas été conviée aux qualifications.

Nouveau départ

Certains ont fait une comparaison hasardeuse entre l’invitation de Constant Lestienne et le cas de Sharapova, de retour d’une suspension pour dopage. « La grande différence entre elle et moi est que je n’ai pas triché. Elle s’est dopée, je ne vois pas le rapport avec moi. Sur le reste, je trouve plutôt bien que le président de la Fédération française de tennis (FFT) ait misé pour les jeunes concernant les wild cards », se défend le tennisman.

Cette invitation aux qualifications de Roland-Garros est en tout cas l’occasion rêvée pour Constant Lestienne de stopper sa chute dans les profondeurs du classement. Pour continuer à vivre du tennis, il lui faut absolument retrouver au moins son classement d’avant ses déboires.

« Tout ça est derrière moi. Je n’y pense même plus. Je dois aller de l’avant et dépasser mon meilleur classement en carrière. À partir de la 150e place, on commence à vivre du tennis. À partir des 100 et lorsque l’on intègre directement les tableaux des Grands Chelems, on gagne bien sa vie », espère-t-il.

Une victoire face à Gerald Melzer, le cadet de Jürgen (ancien numéro 8 mondial et quart de finaliste à Roland-Garros), sonnerait comme un indéniable encouragement à poursuivre ses efforts.