Kilian Jornet a bouclé son ascension de l'Everest, lundi 22 mai, en vingt-six heures. | Kilian Jornet - Summits of my life

Le programme de la journée était chargé. Plus de 3 800 mètres de dénivelé positif, dont 30 kilomètres de moraines, et 2 300 mètres d’ascension sur une pente de plus de 50 degrés. En vingt-six heures, l’Espagnol Kilian Jornet a conquis, dans la nuit du 21 au 22 mai, les 8 848 mètres de l’Everest, sans oxygène et sans corde fixe.

Le champion d’ultratrail a choisi la voie nord, par le Tibet, pour grimper le mythique sommet. Cette ascension, considérée comme plus difficile que par la voie népalaise, prend en moyenne entre trois et cinq jours pour un alpiniste acclimaté.

Kilian Jornet est parti à 22 heures du monastère de Rombuk (5 100 m). Dans un communiqué publié sur son site Internet, le Catalan a donné une brève analyse de son ascension :

« Jusqu’à 7 700 m d’altitude, je me sentais bien, et tout s’est passé comme prévu. Ensuite, j’ai commencé à avoir des problèmes d’estomac, certainement dus à un virus. A partir de là, j’ai dû progresser plus lentement, et m’arrêter très souvent pour récupérer. Malgré tout, je suis parvenu au sommet à minuit [le lendemain]. »

Cette douleur lui a toutefois empêché de compléter son programme initial, puisque l’Espagnol a choisi de ne pas redescendre jusqu’au monastère de Rombuk et de récupérer des forces au camp de base avancé, à 6 500 m, où il est arrivé le 22 mai, à 12 h 15.

Projet Summits of my life

Avec cette ascension exceptionnelle, le Catalan, surnommé « l’ultraterrestre », boucle ainsi son projet Summits of my life, qui lui a permis d’affoler les chronomètres sur les points culminants de chaque continent (Cervin, MacKinley, Aconcagua, Kilimandjaro, etc.). En 2014, son expérience extrême lui avait valu le titre d’« aventurier de l’année » par le magazine américain National Geographic.

En France, l’ambassadeur de l’alpitrail avait même réussi à grimper deux fois en une journée le mont Blanc – sachant que l’ascension moyenne est de deux journées pleines. Douze heures d’effort et près de 6 700 m de dénivelé positif. « Un bon entraînement en altitude », avait conclu le sportif.

L’entraînement, c’est la clé de Kilian Jornet. Ces dernières semaines, celui qui réside désormais en Norvège avait grimpé le Cho Oyu (8 201 m). Comme à son habitude, le sportif avait fait le choix du dénuement extrême pour ce défi physique exceptionnel :

« Je veux pouvoir me déplacer plus vite. En utilisant du matériel léger, nous pouvons avancer plus vite, même si nous savons que cela implique un risque plus grand. Nous sommes conscients de ce risque et nous l’assumons, car c’est de cette façon que nous aimons aller en montagne. »