EMPLOI Les hommes frappés par la crise, les femmes par le sous-emploi

Sur une longue durée, la part des hommes de 25 ans à 49 ans occupant un emploi s’est érodée : 11 points de moins entre 1975 et 2014, alors que la part des femmes gagne 19 points. La plupart des pays industrialisés ­connaissent le même phénomène, la crise ayant frappé en priorité les ­métiers oc­cupés par les hommes, ­notamment dans l’industrie. En France, la tendance est plus accentuée. La situation des femmes est ­paradoxale : si leur participation au marché du travail s’est accrue, la qualité des emplois qu’elles occupent s’est dégradée. Le sous-emploi – temps partiel subi, par exemple – concerne 6,6 % des plus de 25 ans et touche particulièrement les femmes (9,8 % contre 3,8 % pour les hommes). Enfin, bien que le nombre de contrats à durée indéterminée reste stable, les CDD très courts, ceux d’un mois ou moins, sont en forte hausse (69 % du total des CDD) et concernent, là ­encore, en priorité les femmes.

Le Monde

RECHERCHE L’effort public régresse ; la France toujours en retard

Les dépenses de recherche et développement (R & D) plafonnent, en proportion, au même niveau depuis près de vingt-cinq ans : 2,3 % du PIB en 1990, et toujours 2,3 % en 2014. Très loin derrière le Japon et la ­Corée du Sud. L’effort public a même ­régressé, malgré une hausse des ­effectifs R & D de 1,5 %. La faiblesse des recrutements a également ­entraîné une aggravation de la précarité des chercheurs : à lui seul, le CNRS emploie 13 000 contractuels en situation de précarité. La France n’est pas à la hauteur de l’engagement européen de 3 % du PIB, pourtant prévu par le traité de Lisbonne. Dans le privé, la situation n’est pas meilleure et les effectifs ont même ­diminué de 0,8 % en 2014 par rapport à 2013.

Le Monde

DETTE Les ménages profitent de la baisse des taux immobiliers

L’endettement des ménages français a fait un bond de 15 points en dix ans, passant de 41 % à 55,7 % du PIB entre 2005 et 2015. Il se situe aujourd’hui dans la moyenne européenne. Cette augmentation s’explique notamment par la hausse des prix du mètre carré et les conditions d’emprunt et de ­renégociation rendues plus favorables par la baisse des taux. Le nombre de dossiers de surendettement ­recule et frappe en priorité les personnes seules, les chômeurs et les sans-profession. En revanche, ce sont toujours les ménages les plus riches qui s’endettent le plus : un ménage sur deux dans les 10 % des ménages les plus aisés.

Le Monde

ESPÉRANCE DE VIE Les ouvriers et les employés fortement défavorisés

En matière d’espérance de vie, la France se caractérise par des inégalités sociales fortes, au détriment ­essentiellement des ouvriers et des employés. Après avoir progressé à un rythme rapide, l’espérance de vie en bonne santé diminue légèrement ­depuis 2010, sans que les séries ­statistiques permettent d’en expliquer totalement les causes – prévalence de certaines maladies chroniques ou inégalités sociales, financières ou territoriales.

Le Monde

SATISFACTION Heureux pour soi, pessimiste pour le pays

L’enquête Eurostat/Insee illustre à merveille le paradoxe français : « bonheur privé et malheur public », comme le dit le sociologue Jean Viard. Les Français se déclarent heureux ou satisfaits de leur situation et de leur vie person­nelles (87 %) et s’inscrivent ainsi en ­milieu de tableau européen. En ­revanche, ils demeurent fondamentalement pessimistes sur la situation et l’avenir de leur pays, au point de figurer parmi les peuples les plus pessimistes en ­Europe et même dans le monde.

Le Monde

REVENUS La redistribution corrige en partie les écarts de revenus

Les inégalités de revenus ont augmenté constamment depuis la fin des années 1990 et ont même bondi à partir de 2009, avec la crise. Elles ont ensuite fortement diminué, ­notamment en 2012 et 2013, grâce à la baisse des taux d’intérêt de ­l’immobilier et à une politique fiscale plus favorable aux revenus ­modestes. Avec un système de ­redistribution plus généreux, la France est le pays de l’OCDE où la ­situation des 10 % des ménages les plus pauvres s’est malgré tout améliorée. Les inégalités de patrimoine sont plus marquées que celles des ­revenus, mais elles sont stables : les 10 % des Français les plus riches ­détiennent 47 % du patrimoine.

Le Monde

PAUVRETÉ Premières victimes : les moins de 18 ans

Cet indicateur mesure ce dont les Français se privent (vacances, ­voiture, téléphone, chauffage…). ­Depuis le début des années 2000, il est certes en baisse, mais les ­privations affectent encore 11,1 % de la population (contre 14,1 % en 2004). Les populations les plus concernées sont les moins de 18 ans, les non-diplômés et les familles ­monoparentales. 3,3 millions de personnes sont en ­situation à la fois de pauvreté monétaire et de privation.

Le Monde

SCOLARITÉ Moins de décrocheurs mais toujours peu de politiques publiques ciblées

La France compte plutôt moins de décrocheurs, sans diplôme ni formation (38 000 de moins en 2015 qu’en 2010), que ses voisins : 9,3 % contre 11 % en Europe. Mais les politiques publiques restent brouil­lonnes et inefficaces en la matière : la prévention et les systèmes de détection des décrocheurs potentiels tardent à se mettre en place, tandis que l’évaluation des dispositifs du plan de lutte adopté en 2014 est toujours au point mort. La multiplication des ­plates-formes d’évaluation masque l’absence de politiques concrètes de terrain ciblant les ­enfants à risque.

Le Monde

ENVIRONNEMENT Peut mieux faire sur l’empreinte carbone

L’empreinte carbone de la France a augmenté de 15,5 % depuis 1990 et les émissions de CO2 de 76 %. Ces chiffres sont en décalage important par rapport aux objectifs officiels et ne peuvent simplement s’expliquer par l’augmentation de la population. Dans le domaine ciblé de la consommation, la France est même l’un des pays de l’OCDE à avoir le moins réduit son empreinte carbone. Dans ce ­domaine, Allemands et Américains ont fait beaucoup mieux.

Le Monde

BIODIVERSITÉ La crise a limité l’expansion de l’habitat individuel

La violente crise économique de 2008 a eu un impact majeur : elle a ­ralenti le rythme de la construction individuelle et commerciale, selon le CESE. Le rythme de progression de l’occupation physique des sols a par conséquent diminué, passant de 1,8 % à 0,8 % depuis 2010. C’est dans les Bouches-du-Rhône, le Var et le Vaucluse que les constructions sont les plus nombreuses.

Le Monde

Cet article est extrait d’un supplément réalisé en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental.