• ON ATTEND AUJOURD’HUI :

Sur les dix-neuf cinéastes en compétition cette année pour la Palme d’or, il y a trois réalisatrices. La première d’entre elles à présenter son film, en ce mardi 23 mai, est la Japonaise Naomi Kawase avec Vers la lumière (Hikari/Radiance). Depuis 1997, elle a déjà été sélectionnée à six reprises dans différentes sections du Festival, dont quatre fois en compétition avec Shara (en 2003), La Forêt de Mogari (en 2007), Hanezu, l’esprit des montagnes (en 2011) et Still the Water (en 2014). Elle a déjà remporté deux récompenses : la Caméra d’or pour son premier long-métrage projeté à la Quinzaine des réalisateur en 1997, Suzaku et le Grand Prix pour La Forêt de Mogari.

La photo de famille avec cinéastes, acteurs et actrices des précédentes éditions pour célébrer le 70e anniversaire du Festival de Cannes, le 23 mai 2017. | ARTHUR MOLA/INVISION/AP

Par ailleurs, plusieurs événements sont prévus dans le cadre de la célébration du 70e anniversaire du Festival de Cannes : la projection de 24 Frames, du cinéaste iranien Abbas Kiarostami, mort en juillet 2016 ; la diffusion des deux premiers épisodes inédits de la saison 2 de la série de Jane Campion et Ariel Kleiman, Top of the Lake : China Girl ; une soirée de gala spéciale 70e anniversaire avec notamment tous les membres du jury présidé par le réalisateur espagnol Pedro Almodovar ; une photo de famille réunissant cinéastes, acteurs et actrices qui ont marqué l’histoire du Festival.

De gauche à droite : la réalisatrice Jane Campion, les actrices Elisabeth Moss et Nicole Kidman pour la série TV « Top of the Lake : China Girl » au 70e Festival de Cannes, le 23 mai 2017. | LOIC VENANCE/AFP

Une minute de silence a par ailleurs été observée au Palais des festivals à 15 heures en hommage aux victimes de l’attentat de Manchester.

  • DU CÔTÉ DES CRITIQUES :

Des trois films présentés en compétition lundi 22 mai, seul le long-métrage du cinéaste sud-coréen Hong Sang-soo a vraiment fait l’unanimité au sein de la rédaction du Monde. Pour Mathieu Macheret, « Le Jour d’après, profondément déchirant, ouvrant sur de véritables abîmes existentiels, marque une inflexion parmi les livraisons récentes du cinéaste, de par sa noirceur et son inquiétude vissée au corps », et de conclure : « Ce que le film observe, et qui remue le cœur, c’est la complète dissolution du héros masculin, terrassé par sa velléité amoureuse, figé dans son impossibilité ontologique de trancher entre le confort de l’amour et la houle du désir, et ce jusqu’au complet effacement de lui-même. » Et cette noirceur est d’autant plus remarquable face à l’autre film présenté cette année à Cannes par Hong Sang-soo en séance spéciale : « En regard de cette âpreté, La Caméra de Claire, tourné à la volée dans les rues de Cannes pendant l’édition 2016 du Festival, et profitant ainsi de la présence d’Isabelle Huppert, pourrait passer pour plus frivole. Bien au contraire, le film rayonne d’une grâce et d’une légèreté infiniment harmonieuses et d’une seule coulée. »

Selon Thomas Sotinel, les deux autres films de la compétition, Happy End, de Michael Haneke, et Mise à mort du cerf sacré, de Yorgos Lanthimos, présentent des similitudes, notamment au niveau de leur thème : ils « poussent violemment une famille vers l’abîme, faisant d’une dynastie d’entrepreneurs de Calais ou d’un couple de médecins nord-américains l’incarnation d’une façon de vivre condamnée et condamnable ». Mais ils diffèrent aussi sur bien d’autres points car « au-delà de l’angoisse et du pessimisme, le fossé entre ces deux films est aussi large que celui qui sépare un sermon d’une tragédie ».

Plusieurs autres films ont retenu l’attention des journalistes cinéma du Monde dans les autres sections de la Sélection officielle. En séance spéciale, Jacques Mandelbaum a apprécié Le Vénérable W., un documentaire-choc consacré par le réalisateur suisse Barbet Schroeder au moine bouddhiste Ashin Wirathu, leader du mouvement nationaliste et islamophobe 969, « un mouvement qui, tout en continuant à se réclamer du bouddhisme, prospère en professant ouvertement la haine et l’exclusion ».

Du côté d’Un certain regard, Thomas Sotinel revient sur les nombreuses qualités de L’Atelier, le nouveau long-métrage de Laurent Cantet, lauréat de la Palme d’or en 2008 pour Entre les murs : « Rarement aura-t-on fait entendre de manière aussi convaincante les séductions du chant des sirènes d’extrême droite. Laurent Cantet n’a pas peur de s’approcher du cœur des ténèbres, éclairé à la seule lumière de son jeune interprète [Matthieu Lucci] qui — consciemment ou non — prend tous les risques pour faire comprendre son personnage ». Enfin, hors compétition, How to Talk to Girls at Parties, du Britannique John Cameron Mitchell, une romance adolescente adaptée d’une nouvelle de Neil Gaiman, est « un peu sucrée » selon Thomas Sotinel, mais « la mémoire sensorielle du metteur en scène est assez vive pour que le film retrouve l’odeur de bière, de sueur et de tabac de l’époque, ainsi qu’une fraction de son énergie ».

La Semaine de la critique propose deux longs-métrages de qualité, Gabriel et la montagne, du Brésilien Fellipe Gamarano Barbosa, qui retrace les derniers jours de son ami d’enfance disparu au Malawi, et Une vie violente, du Français Thierry de Peretti, qui « poursuit l’exploration de sa Corse natale, dont il fait un prolifique territoire de fiction politique ». La Quinzaine des réalisateurs, quant à elle, présente un film italien de Leonardo Di Constanzo, L’Intrusa, « sensible et intelligent », qui met en scène à Naples la directrice d’une structure d’aide aux enfants démunis confrontée à la mafia.

  • DU CÔTÉ DES REPORTERS :

Isabelle Regnier a rencontré l’actrice sud-coréenne Kim Min-hee, ancien mannequin, qui est la vedette des deux films du cinéaste Hong Sang-soo présentés à Cannes, Le Jour d’après (en compétition) et La Caméra de Claire (séance spéciale). Ils ont déjà tourné cinq films ensemble depuis leur rencontre, en 2015, et leur passion amoureuse a fait les choux gras de la presse à scandale coréenne — l’épouse de Hong Sang-soo refusant de lui accorder le divorce, on les attaque violemment pour immoralité.

Après la découverte dans la gare de marchandises de Cannes-La Bocca du corps d’un migrant mort électrocuté dans une voiture d’un TER, Clarisse Fabre revient sur la question des réfugiés, présente dans plusieurs films projetés au Festival dans différentes sections.

Lire la gazette de la Croisette #5  : Kidman, Huppert et Jeanne d’Arc
  • DU CÔTÉ DE LA PHOTO :
  • DU CÔTÉ DE LA VIDÉO :

Cannes 2017 : la beauté sombre du « Jour d’après » de Hong Sang-soo
Durée : 03:14