A Pôle emploi, le 16 décembre 2015. | PHILIPPE HUGUEN / AFP

C’est la statistique dont rêve tout président de la République qui vient de prendre ses fonctions. Le nombre de demandeurs d’emplois sans aucune activité (catégorie A) a baissé en métropole de 36 300 au mois d’avril, selon les chiffres publiés mercredi par Pôle emploi et par le ministère du travail. Cet indicateur s’élève désormais à un peu moins de 3,472 millions, soit une diminution de 1 % en un mois. La tendance est la même si l’on inclut les outre-mer, le total s’établissant à un peu plus de 3,727 millions (− 1 %). Ces données encourageantes convergent avec celles publiées, le 18 mai, par l’Insee qui montraient un recul du taux de chômage au premier trimestre (à 9,3 %, dans l’Hexagone, soit 0,4 point de moins par rapport aux trois derniers mois de 2016).

Les résultats dévoilés mercredi sont flatteurs, quelle que soit la tranche d’âge : − 1,2 % sur un mois pour les moins de 25 ans relevant de la catégorie A (− 6,3 % en un an) ; − 1 % pour les 25-49 ans (− 1,9 % sur douze mois) ; − 1,1 % pour les personnes d’au moins 50 ans (mais + 2,9 % en un an).

En revanche, le nombre de demandeurs d’emplois, ayant travaillé en avril (catégories B et C), a augmenté d’un peu plus de plus de 3 %, ce qui atteste la précarité persistante sur le marché du travail. Et les personnes qui sont inscrites à Pôle emploi depuis au moins un an (dans les catégories A, B et C) sont un petit peu plus nombreuses (+ 0,3 % en métropole sur un mois, mais − 1,9 % en un an).

Changer les usages

La nouvelle ministre du travail, Muriel Pénicaud, a tiré partie de la diffusion de ces chiffres pour indiquer qu’elle s’exprimera d’une autre manière que ses prédécesseurs sur le sujet. Dans un communiqué rendu public mercredi après-midi, elle précise qu’elle ne commentera pas les « données mensuelles », car elles peuvent être affectées « par différents événements de nature administrative ». Exemple : si les inscrits à Pôle emploi sont relancés plus fréquemment que le mois précédent pour actualiser leur dossier, le nombre de chômeurs est susceptible de s’envoler ; le phénomène s’était d’ailleurs produit en mai 2015.

Ce type de fluctuation « ne reflète pas bien l’évolution du marché du travail » et « brouille plus qu’elle n’éclaire les tendances de fond sur le niveau de chômage », argumente le ministère. Celui-ci souligne, au passage, que les statistiques produites par Pôle emploi ne sont pas utilisées dans les comparaisons internationales, contrairement à celles de l’Insee, qui sont fabriquées en vertu de règles édictées par le Bureau international du travail. C’est pourquoi Mme Pénicaud a décidé de changer les usages. Dans les prochains jours, elle entend saisir « les autorités et organismes compétents de façon à réfléchir, avec eux, aux moyens de mieux éclairer le débat public à l’avenir, dans un double objectif de pertinence et de transparences accrues ».

Peu après avoir été nommé ministre du travail, en 2014, François Rebsamen avait, lui aussi, envisagé de prendre une décision semblable à celle annoncée mercredi par Mme Pénicaud. Il y avait finalement renoncé, de peur d’être accusé de vouloir casser le baromètre, dans une période où la courbe du chômage ne s’était pas encore inversée. L’idée avait également circulé, rue de Grenelle, lorsque Myriam El Khomri occupait les lieux.

C’est finalement sa successeure qui la met à exécution. Elle le fait sans doute au meilleur moment : au tout début d’un quinquennat, avec une nouvelle équipe gouvernementale aux commandes. Et dans un contexte où les chiffres semblent s’améliorer. Dès lors, il est difficile de lui reprocher de vouloir occulter les mauvaises nouvelles...