Contre toute attente, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a remplacé, mercredi 24 mai, son homme de confiance, le premier ministre Abdelmalek Sellal, en poste depuis 2012. A sa place, il a choisi de nommer un autre proche, le ministre de l’habitat, Abdelmadjid Tebboune, qui doit prendre officiellement ses fonctions jeudi, a indiqué la présidence dans un communiqué cité par l’agence APS.

Cette annonce survient alors que médias et partis politiques pariaient depuis plusieurs jours sur une reconduction de M. Sellal à la suite des élections législatives du 4 mai. Le chef du Front de libération nationale (FLN), le parti de M. Bouteflika, arrivé en tête lors du scrutin, n’avait pas hésité à affirmer lors d’une conférence de presse que « M. Sellal avait été désigné officiellement comme premier ministre », selon le quotidien arabophone El Khabar.

Refus des islamistes

La présidence a donc pris tout le monde de court, d’autant que M. Sellal avait entamé, au lendemain de la proclamation des résultats des élections législatives, des consultations en vue de former un nouveau gouvernement élargi. Mais, selon des observateurs, il a échoué à convaincre la principale coalition islamiste, composée du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et du Front du changement (FC) et arrivée en troisième position avec 34 députés, d’entrer dans le nouveau gouvernement.

Le président du MSP, Abderrezak Mokri, a justifié son refus de participer à un gouvernement élargi par le fait que les élections législatives ont été, selon lui, entachées de fraudes. Première formation politique à avoir réagi à la nomination de M. Tebboune, le MSP a déploré le bilan « globalement négatif » du gouvernement sortant. Il a en outre appelé la future équipe gouvernementale à « adopter le dialogue avec les partenaires socio-économiques et politiques pour surmonter la crise actuelle », en référence à la chute des recettes d’hydrocarbures, principale ressource de l’Algérie.

Le nouveau premier ministre, 71 ans, est considéré comme un proche du chef de l’Etat, qui l’avait nommé ministre de la communication et de la culture en 1999 dans son premier gouvernement. M. Tebboune s’était ensuite vu confier le portefeuille de l’intérieur, en 2000, puis celui de l’habitat, de 2001 à 2002, un poste qu’il avait de nouveau occupé en 2012, dans le premier gouvernement dirigé par M. Sellal, et conservé depuis.

Nouvel homme de confiance

M. Tebboune s’est retrouvé projeté l’an dernier sous les feux des projecteurs après avoir été décoré de l’ordre du mérite national, une distinction qui faisait de lui le nouvel homme de confiance du président Bouteflika, selon les médias.

Selon le communiqué de la présidence, M. Sellal a présenté au chef de l’Etat sa démission et celles des membres de son gouvernement. M. Bouteflika a félicité « M. Sellal et les membres du gouvernement sortant pour le travail qu’ils ont accompli ». Il a également chargé les ministres démissionnaires de « vaquer aux affaires courantes » en attendant la formation du gouvernement.

Depuis sa nomination comme premier ministre, en septembre 2012, M. Sellal, 68 ans, a dirigé cinq gouvernements. Auparavant, il avait occupé plusieurs fonctions ministérielles. Il avait également dirigé les campagnes électorales de Bouteflika en 2004 et en 2009.