Le républicain Greg Gianforte en campagne à Great Falls dans l’Etat du Montana, le 23 mai. | JUSTIN SULLIVAN / AFP

Si Donald Trump se contente d’attaquer verbalement les journalistes, son émule Greg Gianforte fait lui le coup de poing. Self-made-man revendiquant le statut d’outsider comme le magnat de l’immobilier durant la campagne, ce candidat républicain à l’unique siège de représentant du Montana n’aurait pas supporté qu’un correspondant du Guardian, Ben Jacobs, lui pose avec insistance une question, mercredi 24 mai à Bozeman, dans les derniers instants de la campagne.

Selon le journaliste, dont le témoignage est corroboré par une équipe de la chaîne conservatrice Fox News, Greg Gianforte l’aurait alors attrapé par le col et les deux hommes auraient roulé au sol. Les lunettes de Ben Jacobs n’auraient pas résisté à l’algarade. La police a indiqué qu’elle allait enquêter, alors que les bureaux de vote devaient ouvrir jeudi matin.

Enregistrement accablant

L’équipe de campagne de Greg Gianforte a tenté d’expliquer son coup de sang par le comportement jugé intrusif du journaliste, et le fait qu’il aurait brandi un magnétophone avec insistance à la hauteur du visage du candidat.

Le contenu de cet enregistrement, qui rend compte de l’altercation, a été aussitôt mis en ligne par Ben Jacobs sur son compte Twitter. On y entend le candidat assuré qu’il en a « plus que ras le bol » de la presse. « Barrez-vous d’ici », lance-t-il. A aucun instant, il ne fait cependant référence à l’appareil.

Greg Gianforte 'Body Slams' Reporter- video

Le Parti démocrate a immédiatement demandé le retrait de la candidature du républicain. Son candidat, Rob Quist, chanteur et poète, qui a sillonné l’Etat des décennies durant, guitare à la main, avec son groupe de country, le Mountain Mission Wood Band, a refusé pour sa part de commenter l’incident.

Nervosité

La scène qui ne déparerait pas dans un roman de James Crumley, l’une des figures de l’école littéraire de Missoula, témoigne de la nervosité du camp républicain à la veille d’une élection plus serrée que prévue.

Organisé pour désigner un successeur au secrétaire à l’intérieur, Ryan Zinke, arrivé à cheval à son bureau de Washington pour sa prise de fonction, le 3 mars, le scrutin n’aurait dû être qu’une formalité pour Greg Gianforte dans un bastion conservateur où M. Trump l’a emporté, le 8 novembre 2016, avec plus de vingt points d’avance sur son adversaire démocrate Hillary Clinton (56 % des voix contre 35 %).

Mais les débuts laborieux de la nouvelle administration en ont décidé autrement. Après des premières alertes dans le Kansas puis en Géorgie, pour des sièges laissés vacants par les élus nommés par M. Trump, la partielle du Montana pourrait témoigner à son tour d’un début d’effritement de l’électorat républicain.

Les coupes claires décidées dans les programmes sociaux ou la réforme de la protection sociale souhaitée par M. Trump risquent de peser sur la mobilisation de l’électorat conservateur rural et défavorisé.

Ben Jacobs souhaitait justement interroger Greg Gianforte sur le coût social de cette réforme avant que sa rencontre ne tourne court. Elle priverait 23 millions d’Américains de couverture selon un chiffrage publié mercredi par un office du Congrès.