Des agents de police lors d’une perquisition dans le cadre de l’attentat de Manchester, le 24 mai. | OLI SCARFF / AFP

Les autorités britanniques sont « furieuses » après les fuites d’informations sur l’attentat de Manchester dans les médias américains ou par d’autres canaux, a indiqué mercredi 24 mai une source gouvernementale.

« Nous sommes furieux. C’est complètement inacceptable », a indiqué cette source. « Ces images qui fuitent vont être une source de stress pour les victimes, leurs familles et le public », et « ce problème a été soulevé par les autorités britanniques avec leurs homologues américains à tous les niveaux pertinents », a-t-elle ajouté.

La ministre britannique de l’intérieur, Amber Rudd, avait fait part plus tôt de son exaspération. « La police britannique a été très claire sur le fait qu’elle veut contrôler le flux d’informations, afin de protéger l’intégrité opérationnelle » de l’enquête et pouvoir bénéficier « d’éléments de surprise », a-t-elle déclaré sur la BBC. « Donc ça devient irritant que [ces informations] sortent via d’autres sources et j’ai été très claire auprès de nos amis sur le fait que cela ne doit pas se reproduire », a-t-elle ajouté.

Mise en garde

Alors qu’on lui demandait si les autorités américaines avaient compromis l’enquête, elle a répondu : « Je n’irais pas si loin. » « Mais je peux vous dire qu’elles sont parfaitement au clair concernant cette situation et le fait que cela ne doit pas se reproduire », a-t-elle insisté.

Amber Rudd a évoqué la question par téléphone avec le secrétaire américain à la Sécurité intérieure John Kelly, a fait savoir un porte-parole côté américain.

Quelques minutes après cette déclaration agacée, le ministre français de l’intérieur Gérard Collomb, affirmant ne savoir « que ce que les enquêteurs britanniques nous ont appris », révélait que le kamikaze présumé de l’attentat était « sans doute » passé par la Syrie et avait des liens « avérés » avec le groupe Etat islamique.

Plus tard dans la journée, le New York Times a révélé que la bombe détonée par un jeune kamikaze à Manchester lundi soir était puissante et sophistiquée et a publié en exclusivité huit photos montrant différents éléments de l’engin explosif.

Ces photos auraient été prises par des enquêteurs de la police et, selon des sources gouvernementales britanniques, transmises à leurs homologues américains qui les auraient fait fuiter.

Confiance érodée

Pour les services antiterroristes britanniques, ces fuites ont « déstabilisé » l’enquête. Un porte-parole a souligné l’importance des relations avec les services d’autres pays et de leur coopération. Mais « quand cette confiance est rompue, cela déstabilise ces relations, sape nos enquêtes et la confiance des victimes, des témoins et de leurs familles », a-t-il déploré.

« Le dommage causé est encore plus grand quand cela porte sur la divulgation non autorisée de preuves potentielles en plein milieu d’une enquête antiterroriste importante », a-t-il ajouté.

Ces tensions interviennent alors que la première ministre britannique Theresa May doit rencontrer le président américain Donald Trump lors du sommet de l’OTAN à Bruxelles jeudi.

L’attentat lundi soir à la sortie d’un concert de la pop-star américaine Ariana Grande a fait 22 morts et des dizaines de blessés, dont de nombreux enfants.

Salman Abedi, un Britannique d’origine libyenne, a été identifié par la police comme le kamikaze. Son nom avait d’abord été évoqué dans la presse américaine mardi, informée par des responsables américains ayant été « briefés » par leurs homologues britanniques.